BANTOU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) 1885 subst. ethnol. « population de la côte orientale de l'Afrique »
(Gde Encyclop., s.v. Afrique);
b) 1930 adj. (
A.-C. Haddon,
Les Races hum., p. 81);
2. a) 1892 subst. masc. ling. (
Guérin);
b) 1916 adj. (
Saussure,
Cours de ling. gén., p. 262). Mot indigène bantou
ba-ntu, plur. de
ntu « homme », par le préf. plur.
ba-, signifiant « classe d'êtres humains »
(NED Suppl.); 2 par l'intermédiaire de l'angl.
bantu «
id. » (1862,
W.H.J. Bleek,
Compar. Gram. S. Afr. lang., I, 4 dans
NED Suppl.), v.
Les Lang. du monde ... sous la dir. de A. Meillet et M. Cohen, C.N.R.S., 1952, p. 735 et
Klein Etymol.
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
B. 2. bantou adj. « qui appartient à une famille comprenant la plupart des langues de l'Afrique sud‑équatoriale » (linguistique). Attesté depuis 1867 (Annales Voyages, page 228 : De toutes ces langues, le cafre est resté le plus stationnaire et occupe dans la famille Bantou la même place que l'arabe parmi les idiomes sémitiques ou le sanscrit parmi les langues indo‑germaniques). Le texte cité est un résumé fait par Frédéric de Helwald des investigations linguistiques menées en Afrique de 1857 à 1859, par le linguiste autrichien Frédéric Müller. On observe que l'adjectif, dans cet ouvrage, s'écrit avec une majuscule. -
B. 1. bantou subst. masc. « une famille comprenant la plupart des langues de l'Afrique sud‑équatoriale » (linguistique). Attesté depuis 1867 (Annales Voyages, page 226 : Les langues réunies sous l'appelation collective de bantou, occupent presque tout le sud de l'Afrique depuis le Cap jusque vers l'équateur à l'exception des parages habités par les Hottentots et les Bosjesmans). -
A. 1. Bantou subst. masc. « personne appartenant à une ethnie de l'Afrique sud‑équatoriale parlant une langue bantoue » (ethnologie). Attesté depuis 1883 (Rev. Ethnographie, volume 2, page 257 : enfin les Bantou, belle race noire, pleine de vigueur, à laquelle nous avons donné jusqu'ici, bien à tort, le nom de Cafre). -
A. 2. bantou adj. « qui appartient à un ensemble d'ethnies de l'Afrique sud‑équatoriale parlant le bantou » (ethnologie). Attesté depuis 1883 (Rev. Ethnographie, volume 2, page 257 : Ces dessins et ces gravures représentant tantôt des animaux, tantôt des êtres humains ou des objets inanimés, voire même des combats entre reptiles et quadrupèdes et des scènes de la lutte des Sa’ân contre la race bantoue). Le texte cité est un résumé fait par le voyageur et géographe français Henry Duveyrier des investigations ethnographiques menées en Afrique australe de 1872 à 1879 par l'ethnologue et explorateur tchèque Emil Holub ; le récit d'origine, intitulé Sieben Jahre in Süd‑Afrika, a été publié en 1881. -
Origine :
Transfert linguistique : emprunt à l'anglais Bantu adj. « qui appartient à une famille de langues de l'Afrique sud‑équatoriale » (attesté depuis 1858, Library Grey, volume 1, première partie : South Africa (within the limits of British influence) by W.H.I. Bleek, page 41 : In general, the two Languages of this Species have best preserved the original features of the Bántu family of languages ; OED2). C'est le linguiste allemand Wilhelm Heinrich Immanuel Bleek (1827, Berlin–1875, Le Cap), bibliothécaire du gouverneur du Cap, Sir George Grey, et fondateur de la linguistique bantoue qui commença à démontrer l'unité historique des langues bantoues, démonstation qu'il fut donné à Carl Meinhof d'achever à travers ses ouvrages principaux : Meinhof, Grundriss, 1899 et Meinhof, Grundzüge, 1906. Bleek introduisit dans la terminologie linguistique le terme bantou qu'il explique comme suit dans Bleek, Comparative Grammar, page 3 : That the derivative prefix and pronouns of this last gender (of personal nouns in the plural) are either actually ba‑, or contracted, or in same other manner changed from it, is one of the characteristics of the Bâ‑ntu family of languages, which have on this account been called Ba‑Languages by Dr. H. Barth [Heinrich Barth (1821‑1865), explorateur de l'Afrique occidentale, linguiste et anthropologue allemand]. Abel Hovelacque (1843–1896) a contribué à la diffusion du terme en français en l'employant en 1876 dans la première édition de son ouvrage à fort retentissement Hovelacque, La Linguistique1. On observe qu'il existe une variante Bantu (employée en linguistique tout comme en ethnologie) qu'on relève, par exemple, en 1968, dans Alexandre, Bantu, 1388 : il n'y a pas de race bantu. Il n'y a pas non plus de civilisation bantu, de coutumes bantu, d'art bantu... Il y a seulement des langues bantu, comme il y a des langues sémitiques ou des langues indo‑européennes. « Bantu » est un terme technique linguistique, inventé par des linguistes pour les besoins de leur discipline, qui ne peut être utilisé qu'accessoirement en anthropologie sociale, et pas du tout en anthropologie physique. Il semblerait que l'emprunt présente une flexion graphique qui obéit peut‑être à un usage établi émanant des spécialistes : bantou a tendance à la flexion, alors que bantu aurait tendance à l'invariabilié. Ajouter FEW 18, 17a un nouvel article bantu. Pour l'intégration des noms propres dans le lexique, on se reportera à Dugas, ACLQ 1986 ; Büchi, Structures, 264‑272.
Rédaction TLF 1975 Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2010 : Sandrine Pescarini. - Relecture mise à jour 2010 : Jean-Pierre Chambon ; Nadine Steinfeld ; Yan Greub ; Xavier Gouvert ; Éva Buchi ; Jean-Paul Chauveau ; Françoise Henry.Première mise en ligne : 21 décembre 2010.