BANNIÈRE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin
xiies. dr. féod. « enseigne sous laquelle le seigneur faisait marcher ceux qui lui devaient le service militaire » (
Lambert Le Tort, A. de Bernay,
Alexandre, éd. H. Michelant, 184, 14 dans T.-L. : Ja de millor de vus nen ert lance brisie Ne fors escus saisis ne
baniere lacie); 2
emoitié
xiiies. p. ext. « ensemble des vassaux rangés sous cette enseigne » (
Gaufrey, éd. F. Guessard et P. Chabaille, 96,
ibid. : Deus mile Sarrasins avoit en sa
baniere);
2. ca 1209 « symbole » (
Reclus de Molliens,
Miserere, éd. van Hamel, 93, 8,
ibid. : Chil − Lucifer − porte d'orguel le
baniere); 1
erquart
xiiies. « parti, signe de ralliement » (
G. de Coincy,
Mir. Notre-Dame, 1937 dans
IGLF Litt. : Nostre Dame est nostre fiance Nostre refuiz, nostre estandars, Nostre enseigne, nostre
baniere); employé couramment dans l'expr. fam.
se ranger sous la bannière de qqn « se ranger de son parti » 1835
(Ac.);
3. 1557 « drapeau d'une confrérie religieuse que l'on porte dans les processions » (
L. Deschamps de Pas,
Inventaire des ornements, reliquaires de l'église collégiale de Saint-Omer : Deux vexilles ou
bannières de soie changeant); d'où 1690 fig. et iron.
(avec) la Croix et la Banniere « (avec) beaucoup de cérémonies » (
Fur.);
4. a) xvies. mar. p. anal. « pavillon de la poupe d'un vaisseau » (
Ant. de Conflans,
Les faits de la marine et navigaige dans
Jal1: La nef du Roy ou de son Admiral et lieutenant, si ledit seigneur − Roi − n'y estoit en personne, portera la
Bannière ordinairement en la hune que l'on appelle gabie en Leuant); 1690 spéc. [
voile]
perroquet en bannière (
Fur.);
b) 1612 hérald. p. anal.
en bannière (écu, armes) « de forme carrée, comme les bannières féodales » (
Favyn,
Hist. de Navarre, liv. XI, p. 621 dans
Trév. 1752 : Je n'ai vû en tout Paris qu'un écu
en banniére, en la rue de Joüi sur une porte);
c) 1828-29 pop. « pan de chemise » (
F. Vidocq,
Mémoires de Vidocq, t. 3, p. 335 : comme j'étais ce qu'on appelle en petite tenue de dragon, c'est à dire le paniau volant ou la
bannière au vent, je me retirai bien vite).
Prob. dér. de
ban*; le suff.
-ière* indique que ce mot désignait peut-être à l'orig. le lieu où était planté l'enseigne, symbole du droit de ban.
Le recours à l'hyp. d'un terme prélittéraire *
bandiere issu du germ. occ. *
banda « signe » corresp. au got.
bandwa (
bande* « troupe ») croisé avec
bannir* (
EWFS2,
Kluge20s.v. Banner) n'est nécessaire ni phonétiquement ni sémantiquement. De même que pour
bannir/bandir, il semble que l'on peut distinguer deux filons distincts :
ban/bannière et got.
bandwa, bandwo « signe », d'où le lat. médiév.
bandum, bandus « labarum » (
xes.,
CGL, V, 505, 7) et les dér. rom. (prob. avec infl. du fr.
bannière) : a. prov.
bandiera « bannière » (
xiiies. dans
Rayn.), d'où prob. l'ital.
bandiera «
id. » (
xiiies. dans
DEI), v.
bandière.