BALÈVRE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1
remoitié
xiies. « (grosse) lèvre » (
Antioche, éd. P. Paris, II, 51 dans T.-L. : Si n'en i avoit nul, n'ëust les poins coupés, Ou n'ait un oil perdu ou ambedeus crevés, Del nes et des
balevres qu'il n'i soit eströés), se trouve surtout sous les formes
balievre, baulevre, baulievre, baulivre (
xiies.,
Destruction Rome, ibid.), jusqu'au
xvies., Montaigne dans
Hug.; 1704 technol. archit.
(Trév.); 1771 fond.
(ibid.).
Composé de
lèvre* et d'un élément
ba- qui peut-être : − soit issu d'un a.b.frq. *
balu « mauvais » (a.h.all.
balo «
pernicies, nequitia » dans
Graff t. 3, col. 92) avec évolution phonét. de
-l/l- en
-ul- (cf. *
spalla [lat.
spatula] >
épaule) pour le type
baulèvre, et en
-l- (par réduction des consonnes géminées à la consonne simple) pour le type
balèvre (v.
FEW t. 5, p. 108), − soit issu du préf.
bes- (lat.
bis) où
e est devenu
-a- devant la consonne labiale
(cf. *
bǐláncea >
balance, *
zēlósu >
jaloux). Cette hyp. suppose que
balèvre s'employait d'abord au plur. et désignait la paire des deux lèvres (
cf. ex. du
xiies.), et rend mal compte du passage au sens péj. Le sens mod. « lèvre inférieure » s'explique sans doute (outre la réf. à la réalité) par l'infl. de l'adj.
bas. L'hyp. d'un étymon frq. *
bal-leffur « vilaine lèvre, lèvre pendante »
(EWFS2) fait difficulté, aucune forme
balefre ne semblant relevée en a.fr.; v. aussi
Gam. Rom.1t. 1, p. 250.