BALZAN, ANE, adj. et subst.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1584 subst. « tache blanche au dessus du sabot du cheval » (
Du Bartas,
2eSemaine, 1erJour, les Artifices, p. 142 dans
Hug. : Poil chastain, astre au front, aux jambes deux
balzans); 1621 adj.
cheval balsan (
E. Binet,
Merv. de nat., p. 548 dans
Gdf. Compl. : Le
cheval balsan [c'est a dire, a pied blanc] doit avoir les balsanes [c'est a dire, taches blanches] qui ne soient pareilles, ny ne montent a mesme hauteur).
Empr. à l'ital.
balzano (
Kohlm., p. 30;
Brunot t. 2, p. 208,
Sar., p. 31;
Wind, p. 163;
Dauzat 1968;
Bl.-W.5;
FEW t. 1, p. 227a), attesté par le lat. médiév.
balzanus, adj., au
xiiies. (
Rolandinus [
Rolandino Passaggieri] in
Summa notariae, cap. 1 dans
Du Cange, I, p. 542c) et au
xives. dans la lang. littér. comme adj. (
Eneide volgar, 38 dans
Batt.), lui-même empr. à l'a. fr.
baucent « (en parlant d'un cheval) tacheté » ou, peut-être, à l'a. prov.
bauçan «
id. ». L'a. fr. présente des formes diverses :
ca 1100-1130
bausan, Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 115,
ca 1165
baucent < :
cent >,
Chr. de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 1369,
baucenz < :
cenz >,
ibid., 2288. Nombre d'étymol. ont été proposées. La plus sérieuse est celle qu'a formulée le premier, F. Diez (
DIEZ5,
s.v. balza) en y voyant un dér. du lat.
balteus « baudrier », satisfaisant pour le sens (« rayé [comme par un baudrier] »). Le suff. fait cependant difficulté; s'agit-il de *
balteanus (<
balteatus) qui aurait donné
bauçan, bauzan en prov. (
cf. ca 1150,
Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, t. 3,
s.v. baucan) et qui, après avoir été empr. en lang. d'oïl (
cf. Chron. Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 11650 : Sur le cheval
bauzan gascon), y aurait subi une substitution de suff. (
cf. Ov. Densusianu dans
Romania, t. 24, p. 586
sqq.)? S'agit-il du suff. germ.
-ing comme semblait le penser A. Thomas,
ibid., pp. 118-119 et à sa suite
Meyer-L. t. 2, § 136? G. Paris avait souligné la double difficulté de cette hyp. qu'il admettait d'ailleurs; les formes
bauzan, bauçan ne doivent apparemment rien au suff.
-ing mais peuvent être mérid. (
cf. Romania, t. 24, p. 588). D'autre part, les nombreuses et anc. rimes
baucenz/ cenz ne laissent pas d'être embarrassantes car le cas régime plur. d'un
bauceng ou
baucenc (formes qui ne sont jamais clairement attestées) semblerait devoir être
baucens (
cf. Ambroise,
Guerre sainte, éd. G. Paris, introd., p. 38); il faudrait alors admettre une substitution très précoce de
-ent/-ant à
-enc sous l'infl. p. ex. de
ferrant auquel
baucent peut être associé.