BALOURD, OURDE, subst. et adj.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1482 subst. « homme maladroit et grossier » ([
J. Molinet],
Mystère de saint-Quentin, 11795 dans
Sain. Sources t. 3, p. 113 : Le Fol : Mes dames et mes demoiselles, Venès danser à ce behourt. On va behorder un
balourt − En pus on le rura en l'eau); 1597 adj. fém. « maladroit » (
Grangier [
Dante,
Divine Comédie, trad.] dans
DG : Les machoires
balourdes Du Cerbere demon); d'où 1953 arg. « faux (d'un inanimé) » (
A. Simonin,
Touchez pas au grisbi, p. 235);
2. 1909 subst. mécan. « (en parlant d'une pièce) fait de ne pas avoir son centre de gravité sur l'axe de rotation » (
J. Paloque,
L'Artillerie de campagne, p. 99 : Tout défaut de construction ayant décentré le projectile lui donne du
balourd); 1920 (
Lar. 20e:
Balourd. Appareil permettant de déterminer l'excentricité d'un obus).
Deux hyp. :
1. réfection du m.fr.
bellourd « épais, informe (d'un inanimé) » (fin
xiiie-début
xives. (hapax?)
Fabliaux [
Guillot,
Dit des rues de Paris] éd. Barbazan et Méon, t. II, p. 251, vers 204 dans T.-L.)
beslourd « stupide, grossier (d'une pers.) » (dep. 1460,
J. Meschinot,
Ballade des princes dans
Gdf.), formé de
lourd* « épais, sans finesse » et du préf. péj.
bes- (du lat.
bis, Nyrop t 3, § 466) sous l'influence de l'ital.
balordo « sot, stupide (d'une pers.) » (dep.
xives., Franco Sacchetti dans
Batt.), lui-même ou bien formé du préf. lat.
bis et de
luridus (DEI), ou bien empr. au m.fr.
beslourd (Bugge dans
Romania, t. 4, p. 355,
DIEZ5,
REW3,
Cor. s.v. palurdo, EWFS2), hyp. que pourrait confirmer la localisation de
balordo en Italie du Nord, et peut-être aussi la forme fr.
balorde masc. et fém. dans
Cotgr. 2. empr. à l'ital.
balordo avec réfection d'apr.
lourd (
Wind, p. 56); dans ce cas m.fr.
bellourd, beslourd seraient des formations indépendantes. L'hyp. selon laquelle
balourd serait une forme dissimilée de
bar- issu lui-même de
bes-, ber- par aperture de la voyelle devant
r (
Cor. loc. cit.) fait difficulté, les formes *
barlourd, *
berlourd n'étant pas attestées. L'hyp. selon laquelle
balourd serait issu de
beslourd sous l'infl. de
bas, balèvre (
FEW t. 5, p. 470a) fait difficulté étant donné la disparité des sens. − v. aussi
Sar., p. 51;
Nyrop t. 1, § 43;
Kohlm., p. 20.