BALIVEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1274 sylvic.
boiviau (
Charte dans
Du Cange t. 1, p. 525a,
s.v. baivarius citée dans
Gdf. : Item il demora à l'Empereor au Parc de Pifons, cent arpens de bois de huit ans, et les
boiviaus qui demeurerent au Parc); 1549
baliveau (
Est.);
2. 1676 constr. « perche servant à faire un échafaudage » (
Félibien,
Principes d'architecture, p. 575 : Quand ce sont de grandes perches ou autres pieces de bois, ausquelles sont attachez plusieurs boulins les uns au dessus des autres, ils [les maçons] appellent cela des
Baliveaux). Orig. obsc.; peut-être dér. de l'a. fr.
baïf « qui regarde bouche bée, étonné » (
ca 1160,
B. de Ste Maure,
Ducs Normandie, II, 5325, Michel dans
Gdf. : N'i sunt estraier ne
baif; Par sus les morz passent li vif), péj. « badaud »
ca 1190, (
Partonopeus de Blois, cité par G. Paris dans
Romania, t. 25, p. 622 : Li tornois est maltalentis, N'i a mestier vasaus
baïs), les
baliveaux étant ceux qui attendent la coupe suivante ou ceux qui regardent ce qui se passe comme des badauds, d'où les formes du type
baiveau, boiveau, attestées jusqu'au
xvies. (
Gdf.) et, dès 1244, le lat. médiév.
bayvellus (
Charte de Jean, abbé de Pontigny, Cartulaire de Pontigny, p. 41 dans
Du Cange);
-l- est expliqué soit
1. par l'allongement de
-ai- en
-ailli- (forme
bailliveau dans
Cotgr., peut-être en rapport avec l'a. fr.
baillif (bailli*
), d'apr.
Sain. Sources t. 1, p. 141) puis réduction dans ce groupe de
l mouillé à
-l- (G. Paris dans
Romania, t. 25, p. 623), soit
2. par la transformation de l'hiatus de
baïveau en
-y-, noté par
l mouillé, c.-à-d. par
-il- ou
-ll- (v. Lebel dans
Fr. mod., t. 12, pp. 297-306), soit
3. peut-être de
soliveau (
FEW t. 12, p. 42b). L'hyp. de l'introd. du
l sous l'infl. du judéo-fr.
abaliver (EWFS2) « charger de la surveillance, préposer », lui-même dér. de
bailli(f), fait difficulté étant donné l'extension réduite dans le temps de
abaliver et sa faible diffusion.