BAIGNER, verbe.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1155 pronom. « se plonger dans l'eau (pour se laver ou se soigner) » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 8076 : Cil ki esteient engroté d'alcune enferté grevé, Des laveüres bainz feseient,
Bainoent sei si guarisseient);
b) ca 1176
id. « se plonger dans l'eau et s'y ébattre » (
Chr. de Troyes,
Cligès, 1142 ds
Gdf. Compl. : Droit sor la mer se devestirent, Si
se laverent et
beignierent);
2. a) ca 1170 intrans. « tremper (dans un liquide) » (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, éd. W. Foerster, 4598 ds T.-L. : toz ses cors en sanc
beignoit);
b) ca 1170
id. au fig. « être plongé dans » (
Lambert Le Tort, Alexandre de Bernay,
Alexandre, éd. H. Michelant, 510, 12 : ne vus penies mie de vo gent abaisier, mais à votre pooir lever et essaucier, et si les faisies tous en rikecce
bagnier);
3. av. 1188 trans. « plonger, tremper » (
Partonopeus de Blois, 8910 ds
Gdf. Compl. : En sanc se lance
baigne);
4. a) xiies. « mouiller, arroser » (
Destruction Rome, éd. G. Groeber, 562 ds T.-L. : Del sanc que d'els corroit,
est la rue
bainie);
b) 1267-68 «
id. (en parlant d'un fleuve ou de la mer) » (
Brunet Latin,
Trésor, éd. Chabaille, 153 ds T.-L. : un flum qui arouse et
baigne toute la terre de Egypte);
c) xvies. au fig. « entourer, environner, imprégner » (
Du Bellay,
Œuvres, I, 96 : Et toy, ô Dieu! qui mon rivage
baignes, As-tu point veu une Nymphe craintive, Qui va menant ma liberté captive Par les sommez des plus haultes montaignes?).
Du b. lat.
balneare attesté au sens 1 dep. le
vies. (
Plinius Valerianus, 5, 41 ds
TLL s.v., 1704, 25) et au sens 3 a en lat. médiév. (
Recept. Sangal. I, 38 ds
Mittellat. W. s.v., 1328, 20). La forme rég. issue de
ba(l)neare est
bagner;
baigner s'explique par infl. de
bain* ou de
baing, du lat.
balneo (
Fouché, p. 387 et 443).