BAGNE, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1609, 8 déc.
baing (Lettre de l'ambassadeur Salignac à Henri IV ds
G. Audisio,
Recherches sur l'orig. et la signif. du mot «
bagne », pp. 364-379 ds
R. Africaine, t. 51, 1957, p. 364 : Il [l'esclave] est dans le
baing du Grand Seigneur); 1629, 10 avr.
bagne (Lettre envoyée de Tunis aux consuls de Marseille citée par E. Plantet ds
Correspondance des Beys de Tunis et des consuls de France avec la Cour, p. 95 d'apr.
G. Audisio,
loc. cit.); 1631, 14 mars
bain (Lettre de Lange Martin, consul à Tunis,
ibid. : Ils mirent tous les mariniers dans les
bains); 1637
bagne (le
P. Dan,
Hist. de Barbarie, p. 151 d'apr.
Arv., pp. 71-74 : Là [à Tunis] se voyent encore plusieurs grands logis, qu'ils appellent
Bagnes, où l'on enferme les esclaves Crestiens [p. 210] il y a [à Tripoli] un grand logis de ceux qu'ils appellent
Bagnes ou prisons, qui servent, comme j'ai dit cy-devant, à y enfermer les pauvres esclaves Chrestiens); 1666, 6 févr. (Lettre d'Arnoul, intendant des galères, à Colbert ds
G. B. Depping,
Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, Paris, 1850-55, t. 2, p. 910 d'apr. Arv. ds
Mélanges Fouché, Paris, 1970, pp. 81-91); 1669, 1
ermars (
Colbert,
Lettre du 1ermars 1669 à M. Arnoul ds
Arv. : Un
bagne seroit nécessaire pour tenir les esclaves et les forçats en seureté, dans lequel l'on pourroit leur pratiquer leurs commodités pour les besoins de la vie).
Empr. à l'ital.
bagno (
Kohlm., p. 29;
Vidos, p. 224;
Brunot t. 4, p. 460;
Boulan, p. 20;
Nyrop t. 1, § 67;
Esn.;
Vie Lang., pp. 389-94;
Arv., pp. 71-74;
Mélanges Fouché, loc. cit.;
G. Audisio,
op. cit.) attesté au même sens dep. 1548, pour désigner le bagne de Livourne (
Cron. Fior, 95 ds
Vidos,
loc. cit. : In esecuzione della promulgata sentenza fu egli non molto condotto a Livorno, e messo nel bagno).
Bien que
bagne soit attesté sous cette forme dès 1629 et considéré alors comme terme de l'Afrique du Nord, la forme en usage jusqu'à la fin du
xviies. est la trad.
bain (
supra et
Arv.,
loc. cit., pp. 71-72);
bagne ne s'implantera définitivement qu'avec Colbert (
supra) qui étudiera et copiera l'organisation italienne. D'Italie où il signifie à l'origine « bain » (lat.
balneum, bain*), l'établissement pénitentiaire de Livourne étant construit sur un anc. bain (
Esn., Bl.-W.5), le terme passa en Turquie (spéc. à Constantinople où les prisonniers chrét., en grande partie ital. dénommèrent l'établissement
bagno pour la même raison,
Vidos,
loc. cit., Arv.;
Mélanges Fouché, loc. cit.) et de là en Afrique du Nord, dont était alors maître, le Grand Seigneur.