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BAGATELLE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1548 fig. « chose frivole, de peu d'importance » (Noël du Fail, Prop. rustiques, 32, Guichard d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 137 : Et au soir, aux rais de la lune, jasant librement ensemble sur quelque bagatelle) ce sens fig. est signalé comme étant le ,,plus grand usage`` du mot dep. Ac. 1718; 2. 1611 au propre « chose de peu de prix et peu nécessaire » (Cotgr.); 3. p. ext. 1691 « amusement galant » (Regnard, Coquette, II, 12 ds Livet, t. 1, p. 200 : Depuis deux ans ... j'ai obligé le Comte à faire lit à part, car je suis présentement bien revenue de la bagatelle). Empr. à l'ital. bagatella (Kohlm., 29; Sar., 14; Wind, 171; Brunot, t. 3, p. 220); attesté au sens 2 dep. 1554 (Bandello, I, 3 ds Batt.); au sens 1 dep. av. 1565 (B. Varchi [1503-1565] Opere, vol. II, Trieste, 1858, 161, ibid.). L'ital. bagatella est prob. un dimin. du lat. bāca (baie*) avec assourdissement de -c- en -g- caractéristique de l'Italie septentr. (Devoto, Avviamento alla etimol. ital.) par double dér. au moyen des suff. -atto, -ello, (DEI; Devoto-Oli, Vocab. ill. della ling. Ital.).

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. « objet inutile ou de peu de valeur ». Attesté depuis 1548 (Du Fail, Propos rustiques P., chapitre 8, page 104 = Frantext : Je luy vendray quelque relique que moy mesmes ay apportée de Hierusalem, ou une image, ou quelque bagatelle). - 
B. 1./2./3. « acte, parole, écrit etc. de faible valeur ». Attesté depuis 1548 (Du Fail, Propos rustiques P., chapitre 2, page 52 = Frantext : et au soir, aux raiz de la Lune, jazans librement ensemble sur quelque bagatelle, rians à pleine gorge, comptans des nidz d'antan et neiges de l'année passée). - 
A. 2. bagatelles subst. fém. plur. « parures, frivolités féminines ». Attesté depuis 1648 (L'Estoile, Intrigue, page 61 = Frantext : Ragonde : J'ay bien quelques byjoux à vous monstrer aussi. Olympe : Et vous n'apportez point parmy ces bagatelles De ces petits poulets qui cajollent les belles ?). - 
A. 3. bagatelle de + indication de prix « somme d'argent dérisoire ». Attesté depuis 1719 [par antiphrase] (Hamilton, Histoire, page 192 = Frantext : La magicienne Serène sait tous les secrets de la nature, envoyez‑lui quelque bagatelle d'un million ou deux, et si elle ne vous enseigne un remède pour les yeux de la princesse, vous pouvez compter qu'il n'y en a point ; voir aussi Larousse1). Première attestation au sens propre : 1742 (Marivaux, Marianne, dixième partie, page 585 = Frantext : Hélas, mademoiselle, reprit‑il, c'est fort peu de chose : il n'est question que d'une bagatelle de deux cents francs, tout au plus, mais qui suffira pour donner à mon père le temps d'attendre que ses affaires changent). - 
B. 4. a. bagatelles de la porte loc. nom. fém. plur. « boniments des forains destinés à inciter les gens à assister au spectacle ». Attesté depuis 1844 (et non pas 1853 : Nerval, Boulevard [et non pas Bohème galante], cf. supra). Cf. aussi cette mention allusive dès 1842 (Reybaud, Paturot, page 262 = Frantext : L'école de droit en rêvait, le commerce s'en préoccupait, la magistrature en était saisie et jouissait des bagatelles de la porte avant d'être admise aux émotions du spectacle). - 
B. 4. b. bagatelles de la porte loc. nom. fém. plur. « choses accessoires sans importance ». Attesté depuis 1831 [14 avril] (Sand, Correspondance, tome 1, page 842 = Frantext : J'admirais le grand sens de cette jeune fille qui ne s'attachait point aux vanités de l'extérieur, aux bagatelles de la porte et qui eût aimé de toute son âme, un gros et excellent homme comme vous, pour son esprit et sa loyauté). - 
C. « amour physique ». Attesté depuis 1691 [par euphémisme dicté par la bienséance] (La Coquette, acte 2, scène 6, in Regnard, Comédies, page 334 : La Comtesse. – Depuis deux ans, Dieu merci, j'en suis un peu la maîtresse : j'ai obligé monsieur le comte à faire lit à part ; car je suis présentement bien revenue de la bagatelle). - 

Origine :
Transfert linguistique : emprunt à l'italien bagatella subst. fém. « chose de peu d'importance » (attesté avant 1306 ; depuis 1534 ; Crevatin/Pfister in LEI 4, 516, *bak‑ I 2 α), « objet inutile » (attesté depuis 1554, GDLI). Cf. von Wartburg in FEW 1, 196a, baca. Bagatelle appartient à une série (para‑)synonymique très riche, qui comporte par exemple babiole et badinerie (cf. Antoine, Mél. Delbouille).


Rédaction TLF 1975 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2006 : Constanze Wilpert. - Relecture mise à jour 2006 : Nadine Steinfeld ; Enrico Arcaini ; Gilles Petrequin ; Éva Buchi.