BADINERIE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1547 [1546 d'apr.
Bl.-W.5] « chose dite ou faite en badinant » (
N. du Fail,
Propos rust., éd. Assézat, p. 53 : pour suyvre la
badinerie de Floquet le jeune).
Dér. de
badin1*; suff.
-erie*.
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Histoire :
0. 1. « acte(s), propos fait par plaisanterie, pour faire rire ou pour se moquer ». Attesté de 1537 (du Saix, Touche naïve, page 91 : [...] dire plusieurs choses gravement, en severité, et les controuver civillement à l'encontre des auditeurs, mais, pour autant qu'ilz y meslent plusieurs batelleries et maintes joyeuses badineries, comme quelque chose amaire broyée dans la viande, cella faict perdre le goust et l'utilité des aultres bons advertissements qu'ilz donnent en jouant) à 1735 (Mouhy, Paysanne, page 164, in Frantext : Le jeune duc, plaisant et voulant me divertir, dit cent choses agréables au sujet du voleur et du gant [...]. Le ton avec lequel cette badinerie fut prononcée [...] égaya l'entretien au point que j'envisageois d'être obligée de rire ; autres attestations aux pages 156, 176 et 241). -
0. 2. « niaiserie, sottise : action, pensée, parole ou écrit où il y a de la puérilité ». Attesté de 1548 (Du Fail, Propos rustiques L., page 147 : elle ne merite pas que un homme de bien entreprenne rien pour elle, veu que à tous faict un mesme visage, sans recompenser celuy qui ha desservy, delaissant la vertu, pour suivre la badinerie de Floquet le jeune) à 1759 (Richelet 1759). Remarques : 1) La tradition lexicographique commence dès 1549 (Estienne, Français3). 2) La datation de 1547 avancée par le TLF ne convient pas, car l'attestation en question n'apparaît que dans une interpolation de l'édition pirate de 1548, qui n'est pas de Du Fail. -
0. 3. « jeu de badin de théâtre ». Attesté de 1561 (Grévin, César, page 95 = Frantext : La faute que j'y voy, c'est que contre le commandement du bon précepteur Horace, ils font à la maniere des basteleurs un massacre sur un eschaffaut, ou un discours de deux ou trois mois [...], et autres telles badineries que je laisse pour estre plus bref) à 1673 (Molière, Impromptu, scène 1, page 396 = Frantext : C'est une idée qui m'avoit passé une fois par la tête, et que j'ai laissée là comme une bagatelle, une badinerie, qui peut‑être n'auroit point fait rire). -
A. 1./B. 3. « action d'agir, de parler ou d'écrire de manière enjouée, légère, plaisante et gracieuse ». Attesté depuis 1671 (Bouhours, Entretiens, éd. Brunot, n° 2, page 30 = Frantext : Car enfin elle n'a presque rien de serieux : cét enjouëment qui luy semble si naturel, approche de la badinerie). La tradition lexicographique est continue depuis Richelet 1680. -
A. 2. « composition musicale écrite sur un ton léger ». Attesté depuis 1922 (La Laurencie, École, page 338, cf. supra). -
B. 1. « divertissement, distraction agréable ou frivole ». Attesté depuis 1619 (de Sales, Vie dévote, quatrième partie, chapitre 10, page 309 : combien ces vanités seront ennuyeuses a la conscience au jour de la mort, combien elles sont indignes d'un coeur genereux, que ce ne sont que badineries et amusemens de petitz enfans, et semblables choses). -
Origine :
Formation française : dérivé du verbe badiner* à l'aide du suffixe ‑erie* (formateur de noms ayant une valeur affective et atténuative, cf. ‑erie* I.B.2.). Il s'agit donc d'un dérivé sur base verbale et non substantivale comme l'indiquait le TLF (cf. Chauveau, smehl). Toutes les acceptions du terme badinerie sont issues du personnage théâtral du badin* (cf. FEW) : acteur burlesque, dont le visage était maquillé en blanc, le badin tenait le rôle du sot dont la niaiserie était destinée à provoquer le rire. Les sens attestés jusqu'au 18e siècle (0. 1. et 0. 2., sans parler de 0. 3., qui désigne à proprement parler le jeu de l'acteur) mettent l'accent sur son aspect comique et sot, tandis que les sens modernes connaissent une atténuation et s'appuient sur l'aspect léger et divertissant de celui‑ci. Cf. Von Wartburg in FEW 1, 286b, batare IV.
Rédaction TLF 1975 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2006 : Jean-Paul Chauveau ; Hélène Carles.. - Relecture mise à jour 2006 : Jean-Pierre Chambon ; Éva Buchi.