BÉLÎTRE, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.− 1408 [1403 dans
Du Cange,
s.v. balens]
belleudre « gueux, coquin, mendiant » (A.N. JJ 158, pièce 208 dans
Gdf. Compl. : Ces
belleudres veulent ils faire les maistres!), forme isolée.
II.− 1460
belistre (Cité dans
A. Thierry,
Monum. de l'hist. du Tiers État, 1
esérie, ii, 225 d'apr.
Barb. Misc. I, p. 49 : [...] ils estoient gens vagabonds qui aloient de feste en feste, tenoient brelans a serees, menoient fillettes par le pays, faisoient la vie de
belistre, se pourchassoient, et alloient de pays a autre, sans mestier faire ne ouvrer); mil.
xves.
bélitre (
Mistère du Vieil testament, 31, 28 131, IV, 46 dans
IGLF Litt.); 1493
bellitre (
Serment d'un cuisinier, in
Biblioth. du XVeS., xxvi., 106 dans
Barb. Misc. I, p. 20), forme attestée jusqu'à
Trév. 1771; répertorié dep.
Ac. Compl. 1842 comme ancien; 1506
blitre (
Ordonnance de Philippe le Bel [père de Charles Quint], du 22 Sept. dans Placcarts de Flandre, t. 1, p. 2 dans
Littré), forme isolée; 1550
belitre (
Trad. de l'hist. des plant. de L. Fousch, C. LXII. dans
Gdf. Compl.), ,,vieilli`` d'apr.
Rob.
I est empr., avec métathèse des consonnes, au m.néerl.
bedelare (
Verdam) ou au m.b.all.
bedeler (
Lübben,
Mittelniederdeutsches Wörterbuch) « mendiant, gueux », subst. corresp. à l'all.
Bettler (
Valkh., p. 58;
Barb.,
loc. cit.). II est d'orig. obsc.; un empr., avec métathèse des consonnes, au m.h.all.
betelaere «
id. » (
Lexer; v.
Valkh., p. 58) ne rend pas compte de la finale fr. en
-i(s)tre (
-s- étant prob. graph.); un empr. au m.néerl.
bedelster « mendiante » (
Verdam), fém. corresp. au masc.
bedelare, dont le suff.
-ster aurait été senti en fr. comme péj. (v. Günther dans
FEW t. 15, 1
repart., p. 100a), n'explique pas l'accentuation du mot fr. sur la 2
esyll. Un étymon gr. β
λ
ι
́
τ
υ
ρ
ι onomat. « son, mot dépourvu de sens » (L. Spitzer, v. bbg., puis
Cor.,
s.v. belitre; déjà dans
Mén. 1750) par l'intermédiaire d'un lat. médiév.
blityri, blictri, au même sens, attesté de Boèce à Albert le Grand (
TLL et
Mittellat. W.) supposerait un empr. en mil. d'école ce qui n'est pas reflété par les 1
resattest. fr.; de plus cette hyp. obligerait à dissocier la forme
belleudre.