AÏEUX, subst. masc. plur.
Étymol. ET HIST.
I.− 1. Ca 1150
aiuel « grand-père » (
Roman de Thèbes, éd. Constans, 36 ds T.-L. : ma raison vueil comencier D'un lor
aiuel dont vueil traitier);
2. début
xiiies. « ancêtre » (
Amadas et Ydoine, éd. Hippeau, 4765,
ibid. : Puis le tans du premier
aioel Adan, dont tuit et tuites sont); au plur.
aieuls désigne indistinctement jusqu'au
xviiies. les grands-pères paternel et maternel ou les ancêtres (
cf. La Bruyère, IX, 41 ds
Dub.-Lag. 1960 : Cette disposition de cœur et d'esprit qui passe des
aïeuls [« grands-pères »] par les pères dans les descendants;
La Font.,
Eunuq., 1, 4,
ibid. : Au rang que ses
aïeuls [« ancêtres »] ont jadis su tenir); selon
Rich. t. 1 1680, le plur. est dans les deux cas
aïeux; selon
Ac. 1694 il s'écrit
aïeuls, mais se prononce
aïeux; selon
Ac. 1740 cette prononc. est la plus ordinaire, mais les deux graph. se rencontrent,
aïeux surtout en poésie; 1762 (
Ac. : [...] au plur. on dit
aïeuls quand on veut désigner précisément le grand-père paternel et maternel [...] Hors de-là, on dit
aïeux pour signifier généralement tous ceux de qui on descend).
II.− Ca 1180
aiuele « grand'mère » (
Marie de France Fables, éd. Warnke, 45, 21 ds T.-L.).
Du lat. vulg. *
avíŏlus, avíŏla, dimin. euphémique du lat. class.
avus (*
avius), avia. Évolution vocalique rég. pour la syllabe finale : le suff. lat.
-íŏlu est devenu par déplacement d'accent
-yólu, puis diphtongaison rég. de l'ǫ, d'où
aiuel. La chute de la labiale
w devant
y fait difficulté (selon
H. Rheinfelder,
Altfr. gram., 2
eéd., 1953, § 533, il s'agirait d'un fait de prononc. enfantine;
cf. aussi *
atavia > a. fr.
taie « grand-mère », *
atavione a. fr.
taion « grand-père »).
Fouché t. 2 1958, p. 232 et t. 3 1961, p. 906. La forme du cas régime plur.
aieux (a. fr.
aiues, aieus) est phonét. rég.; le plur.
aieuls est refait sur le sing. et a servi à distinguer les deux sens.