ATTIFER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1220
atifer « orner, parer (en parlant de la coiffure des femmes notamment) » (
G. de Coincy,
Mir. Vierge, éd. Poquet, 471, 451 ds T.-L. : Tele est hideuse comme estrie ... Qui plus est gent [e] c'une fee, Quant [ele]
est painte et
atifee); mil.
xiiies.
s'atiffer (
Robert de Gretham,
Miroir, 156 ds
Romania, t. 15, p. 300); qualifié de ,,vx`` d'apr.
Fur. 1690, ,,ne se dit plus guere qu'en raillerie`` dep.
Ac. 1694;
2. 1613 fig. péj. « agencer, ordonner avec mauvais goût (des mots) » (
Régnier,
Satyres, IX ds
Littré : Ils
attifent leurs mots, enjolivent leurs phrases), rare.
Dér., avec préf.
a-1*, de l'a. fr.
tifer « parer, orner » 1174-76 (
Est. de Fougieres,
Liv. des manieres, 1237, Kremer ds
Gdf.) − 1655
typher « être fier, superbe » (
Borel,
Dict. des termes du vieux françois [d'apr. éd. 1750]), encore dans les dial. de l'Ouest (
tifé, adj. « attifé »,
Moisy).
Tifer est à rattacher à la racine germ.
tip- « pointe » (m. angl.
tip, m. h. all.
zipf « extrémité pointue », mots que
IEW t. 1, p. 227 rattache à la racine i.-e.
dumb- « pénis, queue »). La voie par laquelle le mot germ. a pu être empr. est difficile à déterminer.
FEW t. 17, p. 332 émet l'hyp. d'un empr. à l'a. aléman. *
tipfon « orner », corresp. à l'a. nord. *
tippa « pointe » (dan. norv.
tip «
id. »
Falk-Torp); en effet Brüch ds
R. Ling. rom., t. 2, p. 80 a démontré qu'en a. aléman. la 2
emutation consonantique de
p a précédé celle de
t : l'empr. aurait donc été fait à l'époque intermédiaire où la mutation
p >
pf était en cours et où celle de
t n'avait pas encore eu lieu, c'est-à-dire aux
viie-
viiies.; l'hyp. d'un empr. à l'a. aléman. est de même formulée par
FEW t. 17, p. 347a pour le mot
touffe (< a. aléman. *
topf). À l'encontre de cette opinion − d'une part la localisation géographique de
tifer, fortement implanté dans les dial. de l'Ouest,
supra − d'autre part l'hyp. même d'une antériorité de la mutation consonantique affectant le
p qui va à l'encontre des théories des germanistes (
FEW t. 17, p. 639).
L'hyp. de Frings (consignée ds
FEW t. 17, p. 333a) qui suppose une variante expressive *
tiffon, issue de l'a. nord. *
tippa sur le modèle des deux types suivants : m. b. all.
snove, m. h. all.
snūben, b. all.
snubbe « rhume de cerveau » /vieil angl.
snoffa « nausée »,
snofl « rhume de cerveau » (formes fournies par
Holthausen,
Altenglisches Wörterbuch, 1934, p. 305), pour être plus convaincante, demanderait à être appuyée par un plus grand nombre d'exemples.
L'étymon ags.
tyffen (EWFS2) qui conviendrait du point de vue géogr. n'est pas acceptable, étant postérieur au fr. (anno 1225 ds
NED s.v. tiff verbe 1) et empr. lui-même au fr. (
FEW loc. cit.;
NED loc. cit.).