ASTICOTER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1765 trans. « agacer, harceler, tourmenter » (
Caylus,
Œuvres badines, X, 77
Guillaume : l'abbé, qui se mit à
asticoter le moine pendant le dîner, et il [le moine] lui répondoit bravement sur toutes les choses qu'il [l'abbé] mettoit en avant, pour disputer; d'autant plus que madame [la maîtresse de céans] étoit du côté du révérend); 1865 pronom.,
supra.
Altération du m. fr.
dasticoter « parler allemand » 1640 (
Oudin,
Curiositez françoises, Paris), devenu
tasticoter 1718 (
Ph.-J. Le Roux,
Dict. comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, Amsterdam ds
Sain. Lang. par., p. 339), très attesté ds les dial. du Nord et de l'Est; pic.
testicoter « contester, discuter » (
Corblet), lorr. [Moselle]
tasticotè « tergiverser » (
Zeliqzon), v. aussi
FEW t. 5, 2
epart., p. 58. La perte de la consonne initiale s'explique peut-être par infl. de
astiquer* apparu postérieurement en fr., mais dont la solide implantation dans les dial. du Nord atteste l'existence antérieure (
FEW t. 17, p. 233b);
cf. aussi la loc.
d'asticot, D'Aubigné,
infra. Dasticoter est dér. de
dasticot espèce de juron 1574 (
Des Autels,
Mitistoire Barragouyne, ch. 5 ds
Hug.), 1616
Aubigné,
Hist. univ., I, 331,
ibid. : Les lansquenets s'acharnent sur eux en criant
d'asticot : Schelme Montcontour, souvenez-vous de la bataille de Montcontour [qui doit se comprendre « en criant : malédiction! infâme » ... plutôt qu' « en criant avec provocation » comme le suggère
Hug.], empr. à l'all.
Dass dich Gott... « Que Dieu te... » premiers mots de jurons all. prob. introduits par les lansquenets all. (
cf. Rabelais,
Gargantua, chap. 17, éd. antérieure à 1535 c.-à-d. éd. de 1534 ds
Marty-Laveaux,
Les Œuvres de Maistre François Rabelais, t. IV, 1881, p. 107 [énumération de jurons] Ie renye dieu, Frandiene vez tu ben, la merde, po cab de bious,
das dich gots leyden schend [Que la Passion de Dieu te confonde!], pote de christo, ventre sainct Quenet...). [La date de 1747 fournie par la plupart des dict. étymol. à la suite de Esnault ds
Fr. mod., t. 11, p. 206 ne semble pas sûre pour le texte de Caylus que
Cioranesco,
Bibliographie de la littérature française du XVIIIesiècle, I, 465a, date de 1785 (?), l'aut. étant mort en 1765].