ASTIC, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1721 mét. (
Trév. :
Astic ... Terme de cordonnier. C'est un os creux, dans lequel les Cordonniers mettent du suif ou de la graisse, pour y graisser de tems en tems la pointe de leurs aleines);
2. 1725 arg. (
Le Vice puni ds
Sain. Sources t. 1, p. 329 :
Astic, épée);
3. 1838 arm. (
Ac. Compl. 1842 :
Astic [...] Polissoir de giberne).
Déverbal d'un verbe *
astiquer du dial. hennuyer (parler où l'
s devant consonne s'est maintenu à l'époque moderne), correspondant au liég.
astichî « tendre, pousser en avant » (
Haust), et dont l'existence est attestée par le dér.
astiquette, mot dont le phonétisme révèle l'origine hennuyère, passé en Flandre et en Artois au sens de « alène que le mineur enfonce de la main dans le bois pour y accrocher la lampe » (v.
Wartburg ds
R. Ling. rom., t. 24, 1960, p. 285); la forme verbale en usage en Flandre, Artois et Picardie, après la chute du
s devant consonne est
at(t)iquer « accrocher, pénétrer, enfoncer » (
FEW, t. 17, p. 234a). *
Astiquer correspond, avec changement de préf., à l'anc. pic.
estiquier « ficher, frapper avec force » (1374-1507 ds
Gdf.), agn.
estikier « ficher, enfoncer » (Jordan Fantosme ds
Gdf.), a. fr.
estichier «
id. » (fin
xiiie-
xives.,
Doon de Mayence ds T.-L.), verbes empr. à l'a.b.frq. *
stikkan « piquer », v. aussi
étiquette. Le sens techn. de
astic se déduit facilement de celui de « pousser en avant » du verbe; le terme du dial. septentrional a pénétré en fr. comme terme de mét.; il est prob. passé ds la lang. commune à travers la lang. techn. des cordonniers milit.; avec l'évolution de la forme du polissoir, la notion de « pointe » a actuellement disparu. En cette hyp., le fr. mod.
astiquer* serait une nouvelle formation propre au fr., tout à fait distincte de l'*
astiquer hennuyer.
L'hyp. qui consiste à faire de
astic un déverbal du fr. mod.
astiquer* n'est pas recevable du point de vue chronologique.
L'hyp. d'un empr. de
astic à l'angl.
stick « bâton » (
DG, Dauzat68) fait difficulté du point de vue phonét., ne pouvant expliquer le
a- initial; de plus, un empr. de ce terme isolé à l'angl. par la lang. des cordonniers s'expliquerait difficilement.