ASSOMMER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1175 trans. « abattre (moralement) » (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2282-83 : s'an est Kex de honte
essomez [var. ms.
xiiies.
assomez], Et maz, et muz, et desconfiz);
b) xves. « causer un profond sommeil, assoupir » (
Apol. mul. ms. Barberini, f
o1 r
ods
Gdf. : Le dieu qui s'appelle du somme A plomb mes esperis
assomme);
c) d'où 1501 « accabler, fatiguer » (
Epitaphe de deffunt maistre Jehan Trotier ds
Anc. poés. fr., t. 8, p. 10, vers 1 : Ung soir bien tart, de travail
assommé); 1663 fig. « accabler sur le poids d'arguments, d'où ennuyer » (
Molière,
Crit., 6 ds
Rob.);
d) 1899 arg. « en faire accroire par des mensonges » (Nouguier ds
Esn.);
2. 1180-1200 « abattre, tuer par la chute de qqc. » (
Aliscans, 5499 ds
Gdf. Compl. : E li ceval dessous aus
asomé); av. 1205 « tuer avec une arme pesante » (
Renart, éd. Méon, 16012 ds T.-L. : Ne sembler mie coart home, De la coignie tost l'
asome.)
Dér. de
somme* (lat.
somnus), préf.
a-1*; dés.
-er. L'hyp. d'une identification avec l'a. fr.
assommer « mener à bien, achever » (T.-L.
s.v. assommer, REW4, 8454, v. aussi EWFS
2), dér. de
somme (lat.
summa), « achever » d'où « tuer » est peu satisfaisante vu, d'une part, l'ancienneté et le nombre des attest. du sens de « étourdir, accabler » par rapport à celles du sens « tuer »; d'autre part et surtout les formes jurassiennes (fr. et suisses) de type
asonner (le groupe lat.
-mn- intervocalique se réduisant régulièrement à
-n- dans ce domaine contrairement à l'aire fr. du Nord où il se réduit à
-m-), v.
Pat. Suisse rom., s.v. assommer. Cependant il reste que
assom(m)er ne signifie que tardivement « assoupir » et seulement au fig. et que cet emploi peut fort bien s'expliquer à partir du sens « accabler »; que
som(m)e est une forme tardive (
ca 1175
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. M. Roques, v. 2760) tirée de l'usuel
sommeil; que dès les premiers emplois, l'idée qui domine est celle d'une masse qui s'abat de haut en bas et écrase sans rémission ce qui est placé en dessous; il n'est donc pas impossible de voir dans
assommer un dér. de l'a. fr.
som(n)e « charge, trait sur le dos d'un animal » (début
xiies.,
Voy. Charl. ds
A.-J. Greimas,
Dict. de l'a. fr., Paris, Larousse, 1969);
assommer signifie alors « charger complètement une bête » d'où « l'accabler, l'écraser » et s'impose dans ce sens à mesure que
chargier et
enchargier ont pris sa place pour son sens premier.