ASSEZ, adv. ÉTYMOL. ET HIST.
I.− Marque la quantité ou l'intensité suffisante. Modifie 1. un verbe fin xe« d'une manière plus que suffisante, beaucoup » ( Passion de Clermont, éd. D'Arco Silvio Avalle, 253 : Et cum asez l'ont escarnid); ca 1100 « d'une manière suffisante » ( Roland, éd. Bédier, 134 : En cest païs avez estet asez); fin xiie-début xiiies. en avoir assez « être lassé de qqc. » ( R. de Houdenc, Méraugis, éd. Friedwagner, 4665 ds T.-L.); 2. un autre adverbe ca 1100 ( Roland, éd. Bédier, 1239 : Kar de Franceis i ad asez petit); 3. un subst. ca 1100 ( ibid., 899 : Fust chrestiens, asez oüst barnet); dans ce cas souvent relié au subst. par de; ca 1100 ( ibid., 2427 : Asez i ad de la gent paienur); 4. un adj. ca 1100 ( ibid., 3010 : Asez est fols ki entr'els se dementet); 5. assez... pour marque un degré suffisant pour entraîner telle ou telle conséquence : + inf. xves. ( J. Froissart, I, 1, 97 ds Littré : Il leur sembla qu'ils seroient forts et puissans assez pour la conquerre); + subst. av. 1741 ( J.-B. Rousseau, Odes, II, 10 ds Rob. : Les dieux t'ont laissé vivre assez pour ta mémoire, Trop peu pour l'univers).
II.− Marque une atténuation ou le renforcement des mots auxquels il est joint 1. 1661 marque le renforcement ( Corn., Sertor., IV, 2 ds Littré : Nous pouvons nous y faire un assez beau destin); 2. av. 1693 marque une atténuation « passablement, plutôt » ( La Bruy., Caract., 52 ds Rob. : Le caractère de l'enfance paraît unique; les mœurs dans cet âge sont assez les mêmes).
D'un lat. vulg. * adsatis renforcement du lat. class. satis « assez, d'une manière suffisante » par la prép. ad, a-1*, ad satis, devenu adsates, puis asẹts > asẹs ( Pope, § 680). Satis « d'une manière suffisante » (I) modifie − un verbe ( Plaute, Amph., 5, 1, 45 ds Forc.) − un adv. ( César, 1.B.G., 25, ibid.) − un subst. ( Ter., Phorm., 2, 3, 89, ibid.) − un adj. ( Plaute, Aulul., 2, 2, 62, ibid.); l'emploi en fr. de assez... pour (+ inf.) prob. du lat. satis ut + subj. ( Cés., C, 3, 17, 1 ds Gaffiot); satis est bien attesté au sens de « beaucoup » en lat. vulg. fin ives. Peregrinatio Aetheriae, 43, 7 ds E. Löfstedt, Philologischer Kommentar zur Per. Aeth., 1911, p. 73); II 1 ( Cicéron, Rep., 2, 54 ds Forc.); 2 ( Id., Att., 2, 19, 4, ibid.) emploi très fréquent en lat. vulg. ( Löfstedt, loc. cit.).
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