ASPIRER, verbe.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1165 « envoyer son souffle vers qqn, d'où inspirer » (
G. d'Arras,
Eracle, 632 ds
Gdf. Compl. : Gardez ne li reprouvez mie Vostre bien fait ne vostre amour, Mais merciez l'en nuit et jour Que il vous
a se
aspiree Et tel entention donee), seulement en a. fr.;
xves. « souffler » (
Le livr. du Faucon, Anc. poés., t. 12, p. 266 : Lorsque zephyrus, le gracieulx vent, commence a
aspirer sur les arbres), encore au
xvies.; mentionné ds
Rob. comme ancien;
2. 1262-68 « respirer » (
Brunet Latin,
Trésor, éd. Chabaille, 172 ds T.-L. : cil esperis a ses voies au parfont de la mer, par ou il
aspire aussi comme l'ome fait par les narilles); d'où 1393 « attirer par le souffle » (
Ménagier, éd. Slatkine, t. 2, p. 257 : et sur le pertuis vous adentez gueulle bée pour
aspirer la fumée de l'eaue qui passera par le pertuis); p. ext.
a) 1696-1701 « absorber » (P. Le Comte ds
Trév. 1740);
b) 1814 mécan.
pompe aspirante (part. prés. adj.) « qui attire, élève en faisant le vide » (
Bernardin de St Pierre,
Harm. nat., Livre III, p. 187);
c) 1529 gramm. « prononcer plus ou moins fortement de la gorge » (
G. Tory,
Champ fleury, f
o52 v
ods
Romania, t. 65, p. 166);
3. xives.
aspirer à « tendre à, porter ses désirs vers un objet » (
G. Le Muisit,
Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 285 ds T.-L. : Tous clergiés as honneurs va partout
aspirant); d'où 1496
aspirant part. prés. subst. « celui qui aspire à un titre, à une fonction » (
Statuts des peintres, ap.
Ouin-Lacroix,
Hist. des anc. corporations de Rouen, 746, ds
R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 263 : Les
Aspirants a la maistrise des dicts mestiers).
Empr. au lat.
aspirare, au sens 1 « souffler vers » (
Varron,
Rust., 1, 57, 1 ds
TLL s.v., 840, 15), d'où « inspirer » (
Virgile,
En., 8, 373,
ibid., 840, 82); au sens 2 « respirer » en lat. médiév.,
xiie-
xiiies. (
Carmina Burana, 150, 3, 1 ds
Mittellat. W. s.v., 1046, 20); au sens gramm. 2 c (
Quintilien,
Inst., 1, 4, 14 ds
TLL s.v., 840, 60); au sens 3 (
Lucilius,
Sat., 825,
ibid., 841, 49).