ARTIMON, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1246 « la plus grande voile d'un navire gréé en voiles latines; elle se hissait au mât avant » (
Champollion-Figeac,
Doc. hist. inéd., Mél., t. 2, 2
e, p. 62 ds
Jal2[traduction fr. d'un acte d'affrètement de navire, écrit à Gênes] : item ladite nave doit avoir VII voiles de coton de Marseille, ou autre si vaillant, et seront des mesures dessous escrites, s'est a savoir : I voile pour l'
artimon de LXVI goues, un tercerol de LXII goues, item un voile de LX goues. [Texte lat. d'apr.
Vidos,
Parole, p. 215 : Item quod habeat dicta navis vela VII cotoni de Marsilia vel equivalentia mensuram infrascriptarum, videlicet, pro artimono, velum unum cubitorum LXVI, tercelorum unum cubitorum LXII Item velum unum cubitorum LX]); cette forme se maintient au
xviies.;
2. 1384 « nom du mât qui porte la voile d'artimon » (
Bréard,
Compte du clos des galées de Rouen au XIVes., p. 51, 1382-84 ds
Jal2: de vieulx arbres pour galeez appeles
artimons).
Prob. issu du b. lat. de Gênes
artimonus « voile du mât »,
supra, du lat. class.
artemo au sens de « petite voile » (
Sénèque,
Contr. 7, 1, 2 ds
TLL s.v., 685, 61); au sens de « mât d'artimon » (
Vitruve, 10, 2, 9 ds
Ern.-Meillet); le lat. de Gênes est bien attesté au
xiiies.,
supra et aussi,
Procuration donnée par le podestat de Gênes à Guillaume de Varagine pour traiter avec les commissaires du roi Saint-Louis (13 septembre 1246) ds
Champollion-Figeac,
op. cit., II, 52 ds
Vidos,
Parole, 215
sqq. La forme
artemon est directement empr. au lat.
artemon; l'hyp. d'un empr. direct de la forme
artimon au lat. (
FEW t. 1,
s.v. artemon, DG, Dauzat68) n'est pas acceptable du point de vue phonét.; celle d'une orig. génoise est corroborée par la localisation de la 1
reattest. et le fait que le
-e- protonique passe régulièrement à
-i- en ancien génois (
Vidos,
loc. cit.). L'ital.
artimone est issu du génois, et n'est pas à l'orig. du fr. (
Sain. Lang. Rab. I, 119).