ARRAISONNER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1100 « interpeller, adresser la parole à qqn » (
Roland, éd. Bédier, 3536 : Mult fierement Carlun en
araisunet) − 1544 (
C. Marot,
Rond aux Nonn. qui sortirent du couv., éd. 1731 ds
Gdf.);
2. 4
equart du
xives. « chercher à amener (qqn) à un avis, en lui fournissant des raisons » (
J. Froissart,
Chron. II, 2, 102 ds
Dict. hist. Ac. fr. : Ils entrèrent en sa maison [d'Artevelle] et lui
arraisonnèrent et remontrerent commant la bonne ville de Gand estoit en grand nécessité d'avoir un souverain capitaine), réputé ,,familier`` et étant de ,,peu d'usage`` ds
Ac. 1798;
3. 1598 mar. « reconnaître l'état, la situation d'un navire » (
Lodewijcksz,
Premier livre de l'histoire de la navigation aux Indes orientales par les Hollandais, ds
Fr. mod., t. 25, p. 305 : fut envoyee apres une barque, qui l'
a arraisonnee), attest. isolée; 1823 (
Boiste :
Arraisonner un vaisseau).
Généralisation ancienne due à l'influence de
raison* des formes fortes du verbe
araisnier (j'araisone, vous araisniez) issu du lat. *
adrationare. 1 cf. ca 700
rationare « plaider » ds
Nierm. s.v.;
2 sous l'influence sém. de
raison* « preuve, justification » (
xiies. ds T.-L.);
3 peut-être composé tardif du simple
raisonner*
, cf. 1680
Rich.,
Raisonner à la chaloupe, c'est montrer à la chaloupe qui est de garde, la permission qu'on a de mouillier dans le port et rendre compte de la route qu'on veut faire (v.
FEW X, 106
b); l'attest. isolée de 1598 si elle était confirmée serait un jalon pour rattacher le sens 3 directement au sens 1.