ARPÈTE, ARPETTE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1858 génevois
arpets masc. terme de dénigrement (
Mulhauser,
Joyeusetés, 68 ds
Pat. Suisse rom. t. 1, 1924-33, p. 631 : Mais aujord'hui ce n'est pas de la guerre Dont je veux vous parler, c'est d'un cas embêtant Et d'un
arpets que moi je n'aime guère [mot expliqué en note :
arpetz ou
arpett, homme de rien, ou simplement : un ennuyeux]);
cf. encore 1886 genevois
arpète masc. « mauvais ouvrier » (
Conteur vaudois, 1886, 12,
ibid.; Il nous est venu [à Genève, pour travailler à l'horlogerie] une vraie dégelée de paysans. Ces espèces d'
arpètes, ne sachant pas même discerner un spiral d'une roue de rencontre, ont gâté le métier);
2. 1875-76 pop. masc. « apprenti » (Rabasse ds
Larch. 1878, p. 15 :
Arpette. Apprenti); 1901 fém. (
Bruant).
Prob. empr. à l'all.
Arbeiter « travailleur, ouvrier » (dér. de l'all.
arbeiten « travailler »); à l'appui de cette hyp. − d'une part, le sens « mauvais ouvrier » attesté à Genève, prob. à l'orig., en parlant des Suisses allemands qui essayaient de concurrencer l'ouvrier horloger indigène; − d'autre part la variante
arpetr relevée à Genève en 1916 (
Pat. Suisse rom., loc. cit.); du sens péj. « mauvais ouvrier » est issu celui d'« ouvrier inexpérimenté, apprenti »; d'autre part la finale
-et, ete- du subst. masc. confondue avec les suffixes
-ǐttu et
-ǐtta est devenue
-ette et le mot a été couramment appliqué aux jeunes apprenties (Jeanjaquet ds
Pat. Suisse rom., loc. cit.;
Dauzat ds
Fr. mod., t. 6, p. 24);
cf. mosellan
hèrpeter « mal travailler » (Zéliqzon). suisse romand
arbèita « travailler, gén. avec l'idée d'un travail pénible, qui demande beaucoup d'ardeur »
(Pat. Suisse rom., s.v.), empr. à l'all.
arbeiten.
Un autre groupe est constitué par les mots suivants attestés en différents dial., notamment ceux de la région parisienne, la Champagne, la Bourgogne : rémois
harpette « mince, frêle (d'un homme ou d'un cheval) » (
Saubinet,
Vocab. du bas langage rémois, 1845); briard
arpète « déluré, intrigant, indiscipliné (en parlant d'un enfant ou d'un jeune homme) » (
Diot,
Patois briard, 1929, p. 27); v. aussi
FEW, t. IV, p. 386b. La dér. de ces formes par suff.
-et(t)e à partir du rad. de
harpe*
, harpon* « griffe, crochet » (la notion de maigreur [d'où celle de « jeune homme hardi, déluré »] étant issue du sens de « crochet »)
FEW, loc. cit., fait difficulté, les subst. étant tous du genre masc. Peut-on en déduire qu'il s'agit de mots dial. relativement récents, issus de ceux attestés depuis 1858 en Suisse romande? L'hyp. selon laquelle ces mots dial. sont à l'orig. de
arpète « apprenti » (
FEW, loc. cit.;
Bl.-W.5) n'est pas non plus pleinement satisfaisante du point de vue sémantique.