ARMON, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1332 technol. Roquetoire (Pas de Calais) pièce de l'avant-train d'une voiture (cité ds
Bibl. de l'École des Chartes, LIII, 587, A. Thomas ds
Mélanges d'étymologie fr., 1
resérie, 2
eéd., 1927, p. 27 : Pour iiii roees du car... et pour les
armons); 1405 Tournai (
Tut. des enfants de Jaquemon Oliette, A. Tournai ds
Gdf. Compl.); 1470 Flandre française (Arch. Nord, B 3533 n. 125660 ds
IGLF); 1680 domaine français (
Rich. :
Armons [...] La partie du train de devant du carosse ou est ataché le timon).
Empr. au m. néerl.
arm « bras (sens d'où des acceptions technologiques sont faciles à déduire) » (
Verdam) avec la finale prob. d'apr.
timon*; les correspondants du m. néerl. sont attestés dans la plupart des lang. germ. et remontent à un germ. *
arma- qui lui même est à rapprocher de l'indo-européen *
arəmo- « bras » (
Kluge20,
Pokorny t. 1, p. 58). À l'appui de l'orig. néerl., l'aire géogr. de
armon. D'autre part, les formes du type
alamon/ aramon, attestées ds le domaine occitan : prov.
aramoun, alamoun « cep de charrue, partie qui porte le soc » (
Mistral) remontent au gaul. *
aramones « armons » (Hubschmied ds
Vox rom., t. 3, p. 69, ce qui confirme son hyp. du passage du
-r- à
-l- fréquent dans les mots issus du gaul.,
cf. en franco-prov. les types
derese et
doulaise « barrière ouvrante d'un enclos » issus du gaul. *
doraton « portes »,
FEW t. 3, p. 139a), correspondant gaul. des représentants germ. mentionnés plus haut (
FEW t. 15, 1
repart., p. 23a). L'étymon lat.
armus « épaule » (
Thomas,
Mélanges d'étymol. fr., 1902, p. 19) − qui se rattache à la même famille indo-européenne − ne peut convenir étant donnée l'apparition relativement tardive du mot et surtout son aire géographique. L'étymon a. h. all.
aram, plur.
aramâ « bras » proposé par Schuchardt (ds
Z. rom. Philol. t. 26, p. 419) pour expliquer les 2 types : wallon-picard
armon et occitan
aramon ne peut rendre compte de l'ensemble des formes tant du point de vue phonét. que géogr. Il en va de même pour l'étymon gaul. proposé par Hubschmied,
loc. cit., pour rendre compte de l'ensemble des formes, auquel remonte seulement le type occitan
aramon, supra.