ARGANEAU, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1382-84
argrenel « anneau de fer auquel est attaché un câble » (Ch.
Bréard,
Le Compte de Clos de Galées de Rouen au XIVes. [1382-84], Rouen 1893, p. 82 ds
Vidos 1939, 209
sqq. : Item chevilles de fer pour tasseaulx de barges IX. Item
argrenel); 1678
arganeau « anneau de l'ancre » (
Guillet,
Les Arts de l'homme d'épée, t. 3, p. 25 : Chaque ancre a son
Arganeau, qui, d'ordinaire, est fourré d'une boudinure, pour conserver le câble qui y est talingué); 1740 (
Trév. :
Arganeau est aussi une petite chaîne que l'on met aux Galériens, seulement pour la forme, & qu'on appelle autrement
alganon). [Contrairement aux indications de
FEW t. 7
s.v. organum, ce dernier sens n'est pas attesté ds
Trév. 1721].
Empr. prob. par l'intermédiaire du prov.
arganèu ourganèu « organeau, puis anneau de fer auquel on passe un câble » (seulement ds
Mistral) issu d'une forme diminutive
(-ĕllu-) d'un b. lat. *
arganum, lat. class.
organum « instrument, outil », empr. au gr. ο
́
ρ
γ
α
ν
ο
ν «
id. » Le changement de voyelle initiale remonte prob. au plur. gr. τ
α
̀
ο
́
ρ
γ
α
ν
α prononcé τ
α
́
ρ
γ
α
ν
α compris comme τ'α
́
ρ
γ
α
ν
α. L'évolution de sens « outil » > « anneau » est vraisemblable. L'explication du passage de
org- à *
arg- sous l'infl. d'un lat. médiév.
argata (attesté au sens de
annulus en 1349,
Du Cange) qui représenterait le gr. ε
̓
ρ
γ
α
́
τ
η
ς « travailleur » (attesté au sens de « levier de serrage d'une vis »,
Biton [3
es. av. J.-C.]
Math., 110
eds
Bailly) paraît peu solide. L'hyp. de l'empr. d'
arganeau au cat.
arganell issu d'un croisement entre le cat.
anell « anneau » et
argolla « anneau de fer » (art; .),
Vidos 1939, p. 209 fait difficulté car le cat.
arganell ne paraît pas présenter le sens de « anneau » (
Alc.-Moll.). L'hyp. d'après laquelle le fr.
arganeau serait une forme métathétique pour *
orengueau diminutif de *
orenc (pour
orin xves. « cordage qui attache une bouée à une ancre »),
Barb. Misc. 2, 1925-28, p. 123, ne présente aucune base solide.