ARGAMASSE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1838 (
Ac. Compl. 1842).
Empr. à l'esp.
argamassa « mélange de chaux, de sable et d'eau employé dans les ouvrages de maçonnerie ». Même mot en port., cat. et a. prov., début
xives. (
Rayn.). L'esp. (attesté dès 1190, doc. de San Román de Entrepeñas cité par
Menendez-Pidal,
Cid, 888, 26 ds
Cor.) est composé du lat.
massa et d'un autre élément d'orig. incertaine. Plusieurs hyp. L'étymon le plus probable est un préroman *
arga (celte, ibère, etc.), peut-être apparenté au gr. α
́
ρ
γ
ι
λ
λ
ο
ς (lat.
argilla « argile ») d'où dériveraient
argayo ou
argallo des dial. des Asturies et de Santander, « portion de terre et de pierres qui tombe en glissant d'une montagne », et le cat.
aragall « sillon tracé par les eaux de pluie ». L'étymon
argillae massa « masse d'argile » (Covarrubias), soulève des difficultés phonét. car il suppose un préroman *
arga en relation avec gr. α
̓
ρ
γ
ο
́
ς « de couleur claire » et le lat.
argilla, ce qui ramène à l'hyp. précédente.
Simonet (
Glossario de voces ibericas y latinas usadas entre los Mozarabes, Madrid 1888) identifie le premier élément de
argamassa avec le lat. arch. et vulg.
arger, -ĕris (class.
agger) « tas de terre, accumulation de matériau », étymon acceptable du point de vue sémantique, mais présentant des difficultés phonét. : l'esp. remonterait alors à une forme *
argare (le
-g- lat. ne pouvant se conserver devant
-e-) passée à *
argane, d'où en composition *
argane massa puis
argamassa par fusion de
-n-avec
-m- [ces hyp. rapportées d'après
Cor.]; le mot étant localisé dans la péninsule ibérique et en a. prov., il semble plus normal d'y voir un préroman; de plus en esp. c'est un mot de la lang. courante, l'empr. à une forme dorienne semble peu probable.