ARBORER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − a) Ca 1320 mar. « munir de mâts » (
Gestes des Chiprois p. 225 ds
Gdf. Compl. : Sire Beneit Sacarie fist
arbourer. II. de ses gualees);
b) 1495 mar. « élever (droit comme un arbre), hisser (un pavillon) » (
G. de Villen.,
Mém., ds
Gdf. Compl. : Et arborerent grant quantité de bannieres et estendars d'un cousté et d'autre);
cf. 1560 (
Pasquier,
Recherches, VIII, 3 ds
Hug. : Je n'avois jamais leu
Arborer une enseigne, pour la planter, sinon aux ordonnances que fit l'Amiral de Chastillon, exerçant lors la charge de Colonel de l'infanterie, mot dont Viginelle a usé en l'histoire de Villehardouin); 1116-20 «
id. (en parlant de différents objets) » (Agr. d'Aubigné,
Hist. Univ., I, liv. IV, c. 19 ds
Dict. hist. Ac. fr.).
Empr. à l'ital.
arborare (
Wind, 49;
Brunot t. 1, 510;
Schmidt, 16;
Vidos Parole 195;
Ruppert, 36, 2
ehyp.) attesté seulement dep. fin
xvies.-déb.
xviies. aux sens b) « hisser, dresser des antennes, des enseignes » (Pantera [1568-1625],
L'armata navale, Rome, 1614 ds
Batt.) et au sens a) « munir de mâts » (
Id.,
ibid.).
Arborare est dérivé du lat.
arbor (arbre*
). Alberare, dér. de
albero « arbre » est attesté au sens b) mar. dep. la 2
emoitié du
xves. (Luigi Pulci [1432-1484],
Il Morgante, 20, 34 ds
Tomm.-Bell.); au sens a) seulement mentionné sans attest. par
Tomm.-Bell. et
Batt.;
Alberare est seul en usage en ital. mod. Malgré le manque d'attest. anc. de l'ital.
arborare, le caractère italianisant des premières attest. (
Geste des Chiprois; G. de Villeneuve, compagnon d'armes de Charles VIII dans la campagne d'Italie, prisonnier dans ce pays lorsqu'il rédigea ses mémoires), donne un maximum de vraisemblance à l'hyp. d'une orig. ital. et fait rejeter celle d'une orig. esp. (
Ruppert, 36, 1
rehyp., Spitzer ds
Z. fr. Spr. Litt. XLIV-215-16).