APPROPRIER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1209 trans.
apropriier qqc. à qqn « attribuer qqc. en propre à qqn » (
Reclus de Molliens,
Miserere, XLIII, 10 ds
Gdf. Compl. : Or set mout bien chil hom et voit Ke il a soi pas ne devoit
Apropriier les biens comuns) − 1579
Amyot,
ibid.; a subsisté au part. passé (
Encyclop. :
Approprié, adj. en terme de droit canonique, se dit, d'une église ou d'un bénéfice, dont le revenu est annexé à quelque dignité ecclésiastique ou communauté religieuse, qui nomme un vicaire pour desservir la cure); 1548 pronom. « s'attribuer » (
N. du Fail,
Eutrap. IX ds
Gdf. Compl. : Se saisir du total revenu des biens de l'Eglise, non pour
se les
aproprier et faire siens);
2. a) fin
xiies. trans.
aproprier qqc. « faire bien qqc. » (
Renart, XVII, v. 941, éd. Martin, Paris, 1882 à 1887, t. 2, p. 222 : Quant Bernarz ot en sa reson Bien definee s'oroison Et
aproprie son chapistre [capitule, petite oraison] Brichemer commenca l'epistre, Que bien l'oïrent touz et toutes); 1538 p. ext. « rendre une chose convenable; l'agencer, l'aménager » (
Comptes manoir Rouen, 468 ds
IGLF Techn. : et
aproprié ung seuil de pierre à l'huis de devant);
b) 1283
aproprier qqc. à qqc. « adapter, rendre propre à un usage partic. » (
Beaumanoir,
Coutumes Beauvaisis, éd. Beugnot, 11, 15 ds T.-L. : coses sacrees si sont celes qui
sont benoites et
aproprïees a fere le service nostre segneur); 1811 technol.
approprier un chapeau « mettre en forme le feutre » (
Mozin-Biber).
Au sens 1, empr. au lat. médiév.
appropriare, qui a pris le sens de « attribuer en propre » à l'adj.
proprius (apr. 1187
Traditiones Frisingenses, 1565 ds
Mittellat. W. s.v., 819, 56); le sens 2 est issu de l'adj.
propre* « qui convient ».