APPROCHER, verbe.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.− Intrans. et pronom. 1. a) ca 1100
aproecier « venir près de, s'avancer vers qqn ou qqc. » (
Roland, 2800 ds
Gdf. Compl. : En cest pais nus
sunt tant
aproeciet);
ca 1175
aprocher (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. Foerster, 4877 ds T.-L.); 1773 spéc. mar.
le vent approche (
Bourdé de Villehuet,
Manuel des marins, Paris);
b) ca 1170-71 pronom. (
Chr. de Troyes,
Cligès, éd. W. Foerster, 2695); spéc. 1691 mar.
s'approcher du vent (
Ozanam,
Dict. mathématique, Paris);
2. 1130-40 abs.
aprucher « être imminent, sur le point d'arriver » (
Wace,
Conception ND, Brit. Mus. Add. 15606, f
o58
dds
Gdf. Compl. : La feste es juis
apruchot);
ca 1170-71
aprocher (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. Foerster, 6237);
3. p. ext. 1532 intrans.
approcher a « être proche de, avoir du rapport avec » (
Rabelais,
Gargantua, I : Prologue de l'auteur ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 501 : Si le croyez, vous n'
approchez ne de pieds, ne de mains à mon opinion); 1533
approcher de (
P. Belon,
Observations de plusieurs singularitez de divers pays estranges, I, 8,
ibid., p. 504a
s.v. approchant).
B.− Trans. 1. ca 1165-70
aprochier « venir près de qqn ou de qqc. » (
Chr. de Troyes,
Erec et Enide, éd. Foerster, 1517-19 : Tant ont ansamble chevauchié Qu'endroit midi
ont approchié Le Chastel de Caradigan);
ca 1172-75
aprocher (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. Foerster, 883); 1647 spéc. « aborder, fréquenter » (
Vaugelas,
Remarques sur la langue française ds
Rich. 1680); 1771 zool.
(Trév.);
2. a) 1491-98 « mettre plus près (qqn) » (
Commines,
Mém., liv. II, c. 3 ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 495 : ... Et me semble que l'ung des plus grans sens que puisse monstrer ung seigneur c'est d'accointer, et
approcher de luy gens vertueux et honnestes); ,,vieilli`` d'apr.
DG 1900;
b) 1606 «
id. (qqc.) » (
Nicot); 1650-51 « mettre ensemble par la pensée » (
P. Corneille,
Nicomède, Aux lecteurs ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 494 :
J'ai approché de cette histoire celle de la mort d'Annibal, qui arriva un peu auparavant); av. 1704 p. ext. « tendre à rendre égal » (
Boss.,
Serm. pour la fête des saints anges gard. ds
Rob. : ... ne devons-nous pas reconnaître qu'il y a quelque chose en l'homme qui l'
approche de ces esprits immortels);
c) 1690 sculp.
approcher à la pointe (
Fur.); 1751 man.
(Encyclop.).
Empr. au b. lat.
appropriare (class.
appropinquare dont est seulement issu l'a. prov.
aprobencar, Rayn.) fréquent en lat. eccl., attesté au sens A 1 « s'approcher » (d'une chose),
Vulg., Luc. 12, 33 ds
TLL s.v., 316, 29; (d'une personne)
Itala, Luc, 22, 47,
ibid., 316, 20; au sens A 2 (en parlant du temps)
Vulg., I Macc. 9, 10,
ibid., 316, 43;
cf. lat. médiév. synon. de
imminere 1085-92
Epistolae ad Wratislawum, II, 9 ds
Mittellat. W. s.v., 812, 42; A 3 lat. médiév.
xies.
Vita sive gesta Servatii, 8, p. 29, 5,
ibid., 818, 46.