APPLIQUER, verbe
ÉTYMOL. ET HIST.
A.− 1. 1280 trans. « faire servir, employer qqc. à un usage déterminé » (
Clef d'amour, Appendice, 62, éd. Doutrepont d'apr. Delboulle ds
R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 256 : Or donc
applique ton engin);
xiiies.
apliquier « utiliser pour » (
Gouvernement des rois, éd. S. P. Molenaer, 40, 28 ds T.-L. :
apliquier les bones loys et les bones costumes as boenes euvres);
xiiies. « imputer un fait à qqn » (
G. de Nangis,
Vie de S. Louis ds
Gdf. Compl.); 1311
aplikier « attribuer une somme d'argent » (
Cart. de Ponthieu, ibid.); 1652 p. ext. (Vaugelas ds
Rich. 1680 :
Apliquer un criminel à la question); av. 1662 « attribuer, rapporter qqc. à qqn » (Pascal,
ibid. : Il se moquoit du Pére & lui
apliquoit ces paroles); av. 1669
appliquer son esprit à qqc. (La Chambre,
ibid.); av. 1704 théol. « faire bénéficier qqc. de qqc. » (Bossuet ds
Trév.);
2. 1314 « apposer qqc. sur ou contre qqc. » (
H. de Mondeville,
Chirurgie, B.N. 2030, f
o70b ds
Gdf. Compl. : Enplastre
appliqué chaut).
B.− xiiies. pronom. « s'adapter à » (
Trad. Ovide, Remèdes d'Amour, éd. Koerting, 351 ds T.-L. : Se ta nature
s'i
applicque Tu ne puez meilleur oevre faire);
xiiies.
s'appliquer pour « apporter une attention soutenue à » (
Sept Sages Rome, 37, G. Paris d'apr. Delboulle ds
R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 256); 1330-32
s'appliquer à «
id. » (
G. de Digulleville,
Pélerinage vie hum., éd. Stürzinger, 12955 ds T.-L.); av. 1622 « travailler avec zèle à » (
Molière,
Les femmes savantes, acte 3, scène 4, éd. du Seuil, p. 615 :
A vous remettre bien je
me veux
appliquer [Philaminte s'adressant à Henriette et Trissotin]); 1690 employé absol. (
Fur. : ... Et on dit absolument d'un homme, qu'il
s'applique, pour dire qu'il travaille, qu'il s'attache fortement à sa profession, ou à quelque ouvrage); 1690 « prendre pour soi » (
Fur. : ... Un homme chiche ne
s'applique jamais ce qu'on dit en general contre les avares).
Empr. au lat.
applicare attesté dep. Ennius au sens de « incliner, prendre une direction » (
Ennius,
Trag., 77 ds
TLL s.v., 296, 5); au sens de « mettre, assujettir qqc. à qqc. [fig.] » (
Plaute,
Trin., 271,
ibid., 289, 64); d'où pronom. « travailler avec zèle à qqc. » (
Cicéron,
De orat., 2, 55,
ibid., 298, 50); au sens de « attribuer, rapporter qqc. à qqc. » (
Quintilien,
Instit., 7, 3, 19,
ibid., 299, 24); au sens propre « mettre qqc. sur qqc. » (
Pline,
Nat., 11, 217,
ibid., 296, 47).