APPELER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) xes. trans. « s'adresser (à) » (
Passion du Christ, 178 ds
Bartsch,
Chrestomathie, 9
eéd., 1908, p. 8 : Envers Jhesum sos olz torned, si pïament lui
appelled), seulement en a.fr.;
b) ca 1040
id. « (d'un inanimé) l'inviter à venir en se servant de la voix ou d'un signe » (
Alexis, éd. G. Paris, XIII, 61 : Quant en la chambre furent tuit soul remes, Damz Alexis la prist ad
apeler : La mortel vide li prist molt a blasmer);
c) ca 1152 « invoquer » (
Dialogue Grégoire, p. 9 ds
Gdf. Compl. :
Apelanz lo nom de Crist); 1539
appeler à son secours (
Est.);
2. a) ca 1100 « (d'un inanimé) faire venir, mander » (
Roland, éd. Bédier, 506 : Dist Blancandrins :
Apelez le Franceis : De nostre prod m'ad plevie da feid);
id. spéc. « (en parlant de Dieu) reprendre (qqn) à soi par la mort » (
Ibid., 2261);
b) 1160-70 dr.
appeler de « citer qqn en l'accusant devant un tribunal » (
Béroul,
Tristan, éd. E. Muret, 4194 ds T.-L. : Oiez de qoi on vos
apele Que Tristan n'ot vers vos amor De putée ne de folor); 1174 « recourir à un tribunal supérieur » (
G. de Pont-Ste-Maxence,
St Thomas, Ms. Wolfenbüttler, éd. I. Bekker, 10 a 7,
ibid.);
id. « défier (en provoquant éventuellement le duel) » (
Id.,
Ibid., 10 b 14,
ibid.);
c) av. 1585 « (d'un inanimé) réclamer, entraîner » (
Ronsard, 607 ds
Littré : La vieille injure
appelle la nouvelle);
3. ca 1175 « désigner qqn (ou qqc.) par son nom ou par un nom donné » (
Chr. de Troyes,
Chevalier Lion, éd. M. Roques, 586 : Se je vos
ai fol
apelé, je vos pri qu'il ne vos an poist).
Empr. au lat.
appellare « adresser la parole à » dep.
Plaute, 184 ds
TLL s.v., 273, 11 (
cf. sens 1 et 2), attesté notamment au sens 1 c (
Pacuvius,
Trag., 197,
ibid., 47); au sens 2 b « accuser » (
Cicéron,
Deiot., 3,
ibid., 274, 38) et « faire appel à » (
Id.,
Quinct., 29,
ibid., 273, 62); au sens 3 (
Plaute,
Amph., 813,
ibid., 274, 51).