ANTÉCÉDENT, ENTE, adj. et subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.− Adj. xives.
antecedens « qui précède » (
Brun de Long Borc,
Cyrurgie, f
o65
dds
Gdf. Compl. : Cause
antecedens); 1532
antecedent (
Rabelais,
Pantagruel, V, Prologue ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 275a); utilisé dans les domaines jur. 1690 (
Fur.) et théol. 1694 (
Ac.).
B.− Subst. masc. 1. 1370 « premier terme d'un rapport » (
Oresme,
Eth., 69 ds
Gdf. Compl. : Il a reduit soy meisme a l'
antecedent); se spécialise dans le domaine log. 1690 (
Fur.) et math. 1718 (
Ac.);
2. 1694 gramm. (
Ac. :
Antecedent [...] Se dit des noms et pronoms quand ils precedent et regissent le Relatif
qui);
3. 1789 « fait passé qu'on rappelle à propos d'un fait actuel » (
Mirabeau,
Discours, 15 juin ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 275a : obligé de tenir compte des
antécédents, des difficultés, des obstacles).
Empr. au lat.
antecedens, part. prés. adjectivé et substantivé de
antecedere (
antécéder*); adj., philos.,
Cicéron,
Top., 43 ds
TLL s.v., 143, 33; subst.,
Id.,
Top., 11,
ibid., 143, 63; à rapprocher de I (cont. méd.) 1252,
Brunus Longoburgensis medicus,
Chirurg., 2, 5, 1, p. 122
Fds
Mittellat. W. s.v., 690, 66; II 1 log., fin
xie-
xiies.,
Conradus, magister Hirsaugiensis,
Dial., 188,
ibid., 691, 8; II 3 gramm. seulement en lat. médiév. 1284, ms. Orléans M 252 ds
Thurot,
Extraits de divers mss latins pour servir à l'hist. des doctrines gramm. au Moyen-Age, p. 358.
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
I. Adj. « qui précède dans le temps, qui est antérieur ». Attesté depuis 1314 (HMondB, § 1276 : communs signes antecedens sont : difficulté de mouvement de membres qui est acreue continuelment petit et petit, et enroidissement qui est fait petit et petit meimement entour le col). -
II. A. 1. Subst. « terme ou proposition auxquels se réfère un pronom » (grammaire). Attesté depuis début 14e siècle [en Angleterre] (GramdH, page 14 = Städtler, TraLiPhi 37, page 126 : Si en la clause seit un verbe personel ou deus verbis personelis, dunkis sera le une a le relatif e le autre a le anticident : se verbe sera a le relatif ki veint plus pres en la matere e le autre a le anticident). Première attestation sur le continent : 15e siècle (Gramm3S, page 141, § 20 : Que doit on faire du relatiz? On le doit faire de tel genre et de tel nombre come son antecedant). Première attestation lexicographique : 1694 (Ac1 : Antecedent. s. m. En termes de Grammaire, Se dist des noms & pronoms quand ils precedent & regissent le Relatif qui, comme dans cette phrase. Dieu qui peut Tout. Dieu est l'antecedent, qui est le relatif). Entre le 15e et le 17e siècle, la tradition est ininterrompue (cf. par exemple La Ramée, Grammaire, page 115, § 151 ; Maupas, Grammaire3, page 150, in Gallica). -
II. A. 2. Subst. « phénomène qui précède invariablement un autre » (épistémologie). Attesté depuis 1370 (OresmeEthM, page 193 = DMF1 : Et il appert par ce, que chascun qui enquiert par conseil comment il ouvrera, il se arreste et cesse son inquisicion quant il a ramené et reduit le commencement de son inquisicion siques a soy meïsme et il a reduit soy meïsme a l'antecedent, c'est assavoir a la premiere chose ou il doit commencier son excecucion). -
II. A. 3. Subst. « (corrélatif de conséquent) proposition d'où résulte une conséquence ou conclusion » (logique). Attesté depuis 1377 (OresmeCielM, page 212 = DMF1 : Impossible ne s'ensuit onques de possible ne de moins impossible, quar le consequant n'est onques plus impossible que l'antecedent). -
II. A. 4. Subst. « premier des deux termes d'un rapport » (mathématiques). Attesté depuis 1691 (Ozanam, Dictionnaire, in FEW 24, 642a). -
II. A. 5. Subst. « partie qui commence un canon » (musique). Attesté depuis 1835 (Chérubini, Cours, cf. supra). -
II. B. 2. b. antécédents de qch subst. plur. « ce qui a précédé cette chose, ce qui en est l'origine ». Attesté depuis 1789 (Mirabeau, Recueil, volume 1, page 57 : Il est cette différfence essentielle entre le métaphysicien qui, dans la méditation du cabinet, saisit la vérité dans son énergique pureté, et l'homme d'état qui est obligé de tenir compte des antécédens, des difficultés, des obstacles). -
II. B. 2. a. antécédents de qn subst. plur. « faits principaux de la vie passée de quelqu'un (en relation avec un aspect de la vie actuelle) ». Attesté depuis 1831 (Sue, Atar‑Gull, page 10 = Frantext : Pour en finir une bonne fois avec tous les antécédents, vrais ou faux, attribués à Brulart, nous rapportons ici une anecdote qui, sans se rattacher précisément à son histoire, y a trait). Au 19e siècle, le lexème est entré dans la terminologie médicale : 1845 (Bescherelle : Antécédents. Pathol. Nom donné aux phénomènes précurseurs ou avant‑coureurs des maladies). -
II. B. 1. antécédents de qn subst. plur. « ancêtres ». Attesté depuis 1873 (Mauvais Sang, in Rimbaud, Œuvres, page 213 = Frantext : J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l'Homme. - J'ai connu chaque fils de famille ! Si j'avais des antécédents à un point quelconque de l'histoire de France ! Mais non, rien. Il m'est bien évident que j'ai toujours été race inférieure). On relève une occurrence antérieure avec le sens « prédécesseurs », précurseur du sens « ancêtres », dès 1852 (Comte, Catéchisme, page 363, cf. supra, où le mot n'a pas le sens de « ancêtres »). -
Origine :
Transfert linguistique : emprunt au latin antecedens part. prés. adjectivé « antérieur dans le temps » (attesté depuis Cicéron, TLL 2, 142, ligne 78) (ci‑dessus I.), subst. neutre sing. « ce qui précède » (attesté depuis Cicéron, TLL 2, 143, ligne 63), antecedentia subst. neutre plur. « choses qui ont précédé » (attesté depuis Cicéron, TLL 2, 143, ligne 67) (II. A. 2.–5. ; II. B.). Seul le terme grammatical (II. A. 1.) remonte à une filière indépendante, puisqu'il est emprunté à la tradition grammaticale latine : antecedens subst. neutre « terme ou proposition auxquels se réfère un pronom » (attesté depuis Priscien, Städtler, Grammatiksprache 166 ; Ø TLL). Cf. Gossen in FEW 24, 642a, antecedens 1 ; Städtler, Grammatiksprache 165‑166.
Rédaction TLF 1974 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2007 : Jean-Paul Chauveau ; Melanie Lang.. - Relecture mise à jour 2007 : Thomas Städtler ; May Plouzeau ; Takeshi Matsumura ; Nadine Steinfeld ; Éva Buchi.