ANTIF, ANTIF(F)E, ANTIF(F)LE,(ANTIFE, ANTIFFE, ANTIFLE, ANTIFFLE) subst.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1561 arg.
antifle « église » (Rasse des Nœuds ds
Esn. 1965 : Sorgueux [voleurs nocturnes] d'
antifles);
Lar. 19es.v. antife indique : « mot qui signifiait primitivement église »; encore en usage en arg. (Ch.
L. Carabelli,
Lang. pop. :
Antifle. Eglise);
2. 1721
antiphe arg. « chemin » dans expr.
battre l'antiphe (Legrand ds
Esn. 1966); 1725
battre l'antiffe (
Grandval,
Le vice puni ou Cartouche ds
Sain. Sources arg. t. 1, 1912, p. 330 :
battre l'antiffe. Battre l'estrade [
estrade « chemin »] marcher); d'où p. ext.
a) 1896 (
G. Delesalle,
Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 13 :
battre l'antif, faire le trottoir);
b) 1830
battre l'antif à la brème « jouer le personnage du niais, de la dupe, du bonneteau » ds
Esn. 1966,
s.v. antif II;
c) 1836 (
F. Vidocq,
Dict. arg. s.v. battre ds
Sain. op. cit., t. 2, p. 115 :
battre entifle, dissimuler, faire le niais);
d) 1842 « espionner »,
supra ex. 3.
− Soit 1 de l'a. fr.
antif (tiré du fém.
antive, < lat. antiqua, voir
antique) « qui est d'autrefois, ancien » l'église étant considérée comme une maison ancienne ou une institution ancienne. En faveur de cette étymol. l'arg.
anticle « messe » 1596,
Vie généreuse (ancicle), Sain. op. cit., t. 1, p. 165, prononciation vulgaire de
antique (lat.
antiquus) et dont un autre étymon peut difficilement rendre compte. À l'encontre de cet étymon, le fait que
antiffle fém., représenterait difficilement un adj. masc.
(antif); − soit 2 de l'a. fr.
anteife, antiffe « antienne », formes issues du lat. chrét.
antiphona (voir
antienne). Le passage de la notion de « chant » à celle d' « église » n'est pas insolite.
Cf. Jura (argot)
tsanta (< lat.
cantare) « messe » ds
FEW t. 21
1, p. 221a; évolution sémantique plus vraisemblable que le passage de la notion d' « ancien » à celle d' « église ». Dans les 2 hyp. : à partir de 1,
battre l'antiffe, au propre « battre le pavé de l'église pour demander l'aumône », peut s'expliquer le sens 2 « battre l'estrade » d'où « marcher » (2 a) et « dissimuler », « faire le niais » (2 b, c); ds l'hyp. 1, le passage de
antif, antive « ancien » au sens de « chemin » a pu être favorisé par l'association fréquente en a. fr. des deux mots (
cf. Pélerinage Charlemagne, 300 ds
Gdf. : un
antif senter;
Raimbert de Paris,
Ogier le Danois, 12365, Barrois,
ibid. : ces
antis sentiers).