ANNIHILER, verbe trans.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1302 dr. part. passé adjectivé
annillee « réduire à néant, annuler » (Ch. des Comptes de Dole, O 124, A. Doubs ds
Gdf. Compl. : Donacion enffrainte, quassee et
annillee); 1315
anichiller (Jumieg., Vimout, A. S.-Inf.,
ibid.), qualifié de
vieux ds
Trév. 1752; 1484
annihiler « abolir (une institution) » (Juin 1484
Ord., XIX, 368,
ibid.). Empl. princ. comme terme de dr. (
cf. ex.
ibid. et
Brunot t. 4, p. 26), et usité au
xviiies. par les philosophes ds les discussions sur le vide (
Trév. 1752, 1771);
2. a) xives.
anichiller « détruire (l'objet est un inanimé abstrait) » (
Brun de la Montagne, éd. P. Meyer, 1040 ds T.-L. : Mais quant s'amour premiere ert a sa fin alee, Et que du tout en tout
sera anichillee, La voulenté de moi sera renouvelee);
b) 1370
adnichiller «
id. (l'objet est un inanimé concret) » (A.N. K 49, pièce 44
4ds
Gdf. Compl.);
c) apr. 1350?
s'anichiler « (en parlant d'une pers.) se détruire » (
Hist. des trois Maries, ibid.).
Empr. au b. lat.
adnihilare (ann-) « réduire à rien » (dep. V
es.,
St Jérôme,
Ep., 106, 67 ds
Blaise), attesté au sens 1. lat. médiév.
annichilare (de
ad et
nichil, transcription médiév. du lat. class.
nihil), jur. (1214,
Van den Bergh, OB. Holland, I n
o244 ds
Nierm., p. 45); au sens 2 a obj. inanimé (551,
Gete, 29, 146 ds
TLL s.v., 780, 61); au sens 2 b propre (
xiies.,
Bruno Magd,
Bell., 34, p. 36, 3 ds
Mittellat. W. s.v., 223, 59); au sens 2 c l'obj. est une pers. (1180,
Annal. Ottenb., [MG Script. XVII, p. 315, 42],
ibid., 224, 16).
Rem. La 1
reattest. fr. en 1280 (
J. de Meung,
Rose, v. 20677-680 ds
Lacurne,
s.v. adnichiler : Chloto qui la quenouille porte Et Lachesis qui les filz file : Mais Atropos si anichile ce que les deux peuvent filer) ne semble pas devoir être retenue, cette leçon n'étant pas mentionnée dans l'éd. E. Langlois (t. 5, vers 19770 : Mais Atropos ront e descrie), ni dans l'éd. F. Lecoy (t. 3, vers 1940 : mes Atropos ront et descire), et les manuscrits utilisés par
Lacurne ne datant que des
xives. et début
xves. (
Langlois,
Manuscrits du roman de la Rose, Paris, 1910, p. 5, 61 et 71).