ANICROCHE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1546
hanicroche « sorte d'arme en forme de croc » (
Rabelais,
Le Tiers livre, prologue, éd. Marty-Laveaux t. 2, p. 7 : Esguisoient [...] halebardes,
hanicroches), attest. isolée; sens maintenu en Suisse romande : a. neuchâtelois, 1697 (Arch. Neuchâtel, Not. J. Bourgeois, 7 ds
Pat. Suisse rom. t. 1); mentionné ds
Ac. Compl. 1842;
2. 1584 fig.
anicroche « ce qui accroche, ce qui blesse » (
Thevet,
Hommes Illustres, 108 ds
Quem. : Quelque belle mine qu'ilz facent [les Anglais] ilz gardent tousjours queque
anicroche pour refrein de la balade), attest. isolée;
cf. Suisse romande, Vaud, fig. « blessure meurtrissure » (
Pat. Suisse rom., op. cit.); 1608
hennicroche « une petite difficulté, obstacle » (
Jean du Sin,
Rhét. d'Aristote, 279 ds
R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 114 : Celuy qui sould un argument, insistant a l'encontre, se fonde, non sur ce qu'il n'est pas vray semblable, mais sur ce qu'il n'est pas nécessaire. Et pourtant le deffendeur a beaucoup plus d'avantage que le demandeur a cause de cet abus et
hennicroche); 1648
anicroche (
Scarron,
Virgile, V, 205 b, éd. Richardson : Nise étoit du but assez proche Quand il lui vint une
anicroche).
Composé de
croche « crochet » (
xiies.,
Aliscans ds
Gdf.), et de
ani- d'orig. obsc. A l'étymon a. fr.
ane « cane » (1170-71,
Chr. de Troyes,
Cligès, éd. W. Foerster ds T.-L.; du lat.
anas, atis;
L. Sainéan,
R. des Et. rabelaisiennes, Paris, 1903, t. 5, p. 392 et
Sain. Sources t. 1, p. 85) s'oppose le fait que le bec de la cane est long et proéminent (d'où
bec de cane*) mais non recourbé; l'identification avec a. fr.
ane, de
ane, hane nom champenois du « crochet de fer servant à retirer la viande du pot » (
Sainéan,
loc. cit.) est très hasardeuse de même que l'attribution du sens de « crochet » au m. fr.
hane (1417, Lille, ap. La Fons,
Gloss. ms., Bibl. Amiens ds
Gdf. : Pour 1. c. de hanes a pallette pour clauwer ploncq a masières sour l'avant pie à le porte du Moliniel).
L'identification de
a(r)ni- avec l'a. fr.
harneis (
harnais*),
croche étant en ce cas adj. au sens de « recourbé » (Gamillscheg ds
Z. rom. Philol., t. 40, p. 131 et
EWFS2) se heurte − d'une part au fait que les formes avec
-r-, rarement attestées, sont seulement secondaires, prob. dues à une contamination; − d'autre part à l'emploi presque exclusif de
harneis comme collectif au sens de « ensemble des ustensiles, matériel », voir Spitzer ds
Z. rom. Philol., t. 56, p. 574.
Au rapprochement de
ani- avec l'a. fr.
haim « hameçon » (
hameçon*) (Guiraud ds
Neophilologus, t. 40, p. 230) par l'intermédiaire d'une forme méridionale
an, s'oppose le fait que l'a. prov. ne connaît que la forme
am (
Pt Levy :
am, hameçon), ce qui donnerait un composé *
amicroche.