ANVOT, ANGOT, ANVAIN, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1765
anvoye (
Encyclop. t. 11,
s.v. orvet : Orvet, orvet,
anvoye, serpent aveugle); 1807
anvoie (
C. Duméril,
Traité élémentaire d'histoire naturelle, Paris, Deterville, t. 2, p. 196 : L'espèce la plus commune [d'orvets] en France est nommée vulgairement
anvoie ou anguille de haie); différentes formes dial., entre autres : ang.
anvain (
Verr.-On. : Anvain, petit reptile inoffensif ... Dans quelques provinces on l'appelle
anoeil sans doute à cause de la petitesse de ses yeux), solognot
anvot et
angot (
Genevoix,
supra et
Simon,
Gloss. solognot ms. 1942), poit.
aneuil (
Lalanne), blésois
anveu (
A. Thibault,
Glossaire du pays blaisois), tourang.
anvou (
J. Rougé, Le parler tourang.); voir aussi
Rolland,
Faune pop. t. 3, pp. 17-22.
Orig. obsc. La base du mot a été rapprochée par
Gamillscheg (ds
Z. rom. Philol., t. 43, 1923, p. 527 et
EWFS2s.v. orvet) du b. lat.
anabulio, qui au
ves., désigne un serpent dans le
Laterculus de Polemius Silvius (cité par Thomas ds
Romania t. 35, p. 167), par l'intermédiaire des formes *
anabulium, *
anevoil, avec contamination de
oculus (
cf. anoeil, aneuil, supra et, notamment l'a. prov.
aneduel [
xiies., P. Cardinal ds
Raynouard], prov. mod.
anadiuel, nanduel [
Mistral,
s.v. nadiuel], altération populaire d'apr.
n'ad-olh, n'a d'olh « n'a pas d'œil » [
EWFS2]). L'extension géogr. du mot sous ses multiples formes (Narbonnaise, Garonne, Massif Central; Rhône d'où nord du Massif Central et Ouest, Alpes, Suisse romande, Piémont d'apr. Dauzat ds
Romania t. 44, 1915-1917, pp. 238-244) suggère à Aebischer ds
Pat. Suisse rom., s.v. anvoué l'hypothèse d'une orig. gauloise pour
anabulio; hypothèse écartée par
EWFS2.
L'étymon lat.
anguīlla (pour
anguĭlla) (Meyer-Lübke ds
Z. rom. Philol., t. 24, 1900, pp. 400-403) peut peut-être expliquer les formes du type
anvoye dans la mesure où celles-ci procèdent de *
anwoye;
cf. wallon
anwèye « anguille » (
Haust); en ce cas les formes
angot, anvot, anv(a)in seraient dérivées du radical du lat.
anguis « serpent » (voir aussi Horning ds
Z. rom. Philol., t. 9, 1885, pp. 509-510) avec suff.
-ot, in (altéré en
ain); il est cependant surprenant que les dial. du Nord (picard, wallon) où peut s'expliquer le traitement groupe [gw] devenu [w] derrière consonne (voir
Gossen,
Gramm. de l'ancien picard, 1970, p. 103) ne connaissent pas
anvoye, anvot « orvet ».
L'hyp. selon laquelle le mot remonterait à un composé hybride α
́
ν
ξ
υ (θ) « sans » + lat.
oculis (Dauzat,
loc. cit.) n'est guère vraisemblable; la notion d'« aveugle » n'est intervenue qu'en étym. seconde comme on l'a vu plus haut.