AMORTIR, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Sens propre
ca 1190 intrans. « mourir, être comme mort » (
Rois, p. 101 Ler. de Lincy ds
Gdf. : E sis quers li
amortid cume pierre). −
xvies. « rendre comme mort » (
A. Paré, 23, 6 ds
Hug. : Quelques fois on les trouve [les vipères] si surprises de froid qu'elles demeurent toutes
amorties et immobiles)
; 2. emploi fig.
a) fin du
xiiies. (
Roman du Chastelain de Coucy, éd. Crapelet, 7686 ds T.-L.,
s.v. : moult ot le cuer
amorty);
b) anc. dr. coutumier 1277 « concéder à titre de mainmorte, diminuer les droits d'un héritage » (Jarcy, Arch. S.-et-O., A 820 ds
Gdf. : Requenut soy
avoir amorti et en main morte quité a ...);
xves. pronom. « donner un bien sous la condition qu'on sera nourri jusqu'à sa mort par le donataire » (
Cout. de Reims, redig. par Christ. de Thou, Barth. Fay, et J. Viole, art. CCXXXVII,
ibid. : Toute personne debile ou constituee en vieillesse ou maladie,
se peut donner et
amortir a tel qu'il luy plaira, en luy donnant entre vifs tous ses biens meubles, acquests et conquests immeubles... à la charge d'estre nourry, alimenté et subvenu à sa necessité par le donataire); 1680 fin. (
Rich. t. 1 :
Amortir. Eteindre.
Amortir une rente)
; c) 1554 archit.
admortir « terminer (un ouvrage) » (
Baill. de Blois, Richel., Cab. généal, Bret de Villandry ds
Gdf. : Frontispice
admortie a grans fleurs de lis);
d) av. 1680 « rendre moins violent (un choc, un coup) » (
La Rochefoucauld,
Mémoires ds
Rich. t. 1 1680 : Son buste plié en deux
amortit le coup de la bale).
Du lat. vulg. *
admortire, *
ammortire « tuer, mourir » (de
mors, mortis « morts »), hyp. suggérée par l'existence des corresp. rom. (
REW3, p. 186);
cf. avec 2 b lat. médiév. jur.
admortare, admortire « concéder à titre de mainmorte » (
Charta ann. 1261
ex Chartul. S. Joan. invalle ds
Du Cange s.v. : Concedo quod dicti religiosi dictas decimas teneant in manu mortua, et dictis religiosis admortifico seu Amorto).