AMMAN, subst. masc.
Étymol. ET HIST.
I.− Amman, [1119 « officier public chargé de la rédaction et de la garde des actes privés; officier de justice » dans un texte de lat. médiév., domaine wallon (
Charte de Baudouin, comte de Flandre, chartier de St Bertin ds
Du Cange s.v. amman : Rodulphus
Amman de S. Folquinikerca, Alfgerus
Amman de S. Georgio, Bernuldus
Amman de Broburg, etc.)];
1. a) 1279 anc. dr. wallon, a. wallon
aman «
id. » (Oct. 1279,
Lett. de Béat., dame de Courtray, Arch. de l'Etat à Gand, 256 ds
Gdf. : Henris l'
aman de Donse); 1287
id. a. wallon
amman «
id. » (
Lett. de Godefr. de Brab., ib., 438,
ibid. : Nous
ammans, nous eschevin et toute li communites de le vile de Broussiele); devenu terme hist.
cf. 1872 (
Extr. de l'Indép. belge, dans
Journ. offic., 15 oct. 1872, p. 6501, 3
ecol. ds
Littré Suppl. 1877 : Un registre des comptes de l'
amman de Bruxelles pour les années 1675 à 1699);
b) xiiies.
id. a. lorr.
aiman «
id. » (
Chart. mess. du XIIIes., Observ. sec. de Ferry, t. I, f
o259 v
ods
Gdf. : Per main d'
aimans de Mes); 1436
id. a. lorr.
amant «
id. » (
Pr. de l'H. de Metz, V, 335,
ibid. : Jadis
amant et sochief de nostre citeit); devenu terme hist.
2. 1419 a. fribourgeois
am(m)an « titre porté, dans certains cantons de la Suisse all., par le chef de l'État ou de la commune » (
Comptes Trés., 33, Arch. Fribourg ds
Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33 : A l'ancien
aman de Switz); 1475
id. (
Freib. Geschichtsbl. XVI, 19,
ibid. : Scripta facta par lez
amman Hentzly et Cupferschmit); 1576 utilisé en m. fr. pour désigner le titre suisse (
J. Bodin,
Les Six livres de la République, II, 7 ds
Hug. : [En Suisse.] Ainsi font ils les assemblees des communes, pour eslire l'
aman, qui est en chacun des petits Cantons le souverain Magistrat : ou celuy qui a esté par trois ans
Aman ... nomme trois citoyens, desquels le peuple en choisit un); cité par
Cotgr. 1611 et en fr. mod. dep.
Trév. 1752.
II.− Ammanie, 1. Apr. 1463 anc. dr. wallon, a. dial. de Flandre
ammannye « maison de détention ou prison pour dettes » (
Troubl. de Gand, p. 133, Chron. belg. ds
Gdf. : Et pareillement remettre en nos mains l'
ammannye de nostre dicte ville et les prisons);
2. xves.
id. id. ammannie « district d'un amman » (
Arch. Nord, B 17485, f
oI v
o: Nul ne viendra a l'election des dis lignages pour estre esleu ou choisy s'il n'a de rente L florins de Rin par an et qu'il soit demourant en l'
ammannie et bourgois de Brouxelles). − 1715 ds
Littré devenu terme hist.;
3. 1615
id. id. ammanie « charge de l'amman » (
Cout. de Furne ds Ch.
Bourdot de Richebourg,
Nouv. Cout. gén., I, p. 670, titre XLV, art. III : Et les Ammans feront seulement les ajournemens & les insinuations qui servent & qui sont requis aux faits de leurs
Ammanies & point d'autres).
I 1 a empr. au m. néerl.
amman, ampman, ambtman, amptman « homme qui a une charge du gouvernement; personne qui gouverne », les deux premières formes empl. dans les Flandres et en Brabant (
Verdam 1964, p. 39,
s.v. Amman, Amptman). I 1 b et I 2 empr. au m. haut all.
amman, contraction du m. haut all.
ambet-man «
id. », 1297 « serviteur, fonctionnaire, officier de justice, maire » (
Charte citée ds
Chmel, urkunden, briefe und actenstücke zur geschichte Maximilians I. Stuttg. 1845;
fontes rerum austriacarum. Wien 1849 d'apr.
Grimm,
Deutsches Wörterbuch, 1854,
s.v. Ammann : Ruedel der amman);
xiiies. « régisseur » (
Deutsche predigten des 13. jh. herausg. v. F. K. Grieshaber, Stuttgart, 1844, t. 1, p. 132 d'apr.
M. Lexer,
Mittelhochdeutsches Handwörterbuch, 1872, t. 1, col. 51 : anman über sîn guot); il est vraisemblable que I 1 b a été empr. au frq. mosellan et I 2 à l'alémanique. (
Cf. E. Tappolet,
Die alemannischen Lehnwörter in den Mundarten der franz. Schweiz, II. Teil,
Etymol. Wörterbuch Basel, 1916, p. 3 ainsi que
FEW t. 1, p. 89b et 15
1, p. 19a).
Le m. haut all.
ambet-man (dont le premier composant est devenu l'all. mod.
Amt « fonction ») est issu de l'a. haut all.
ambaht(man), le mot simple
ambaht et ses correspondants dans les autres lang. german. ayant été empr. par les Germains au celt. *
ambactos (voir
ambassade).
II dér. de
amman*, étymol. I 1 a; suff.
-ie*. À rapprocher du m. néerl.
ammanie, ammannie, ammenie qui selon
Verdam 1964 signifie 1. ,,ressort, juridiction, également charge de l'amman`` 2. ,,bâtiment qui sous l'administration ou la surveillance de l'amman servait de maison de détention ou de prison pour dettes``.
À noter que
amman* étymol. I 1 b, a pour dér. l'a. lorr.
amanderie « charge de l'amman » (presque toujours de la ville de Metz), 1304-1499 ds
Gdf.