AMIGNARDER, AMIGNONNER, AMIGNO(U)T(T)ER,(AMIGNOTER, AMIGNOTTER, AMIGNOUTER, AMIGNOUTTER) verbe trans.
Étymol. ET HIST.
I.− Amignoter, 1. ca 1223 « parer, ajuster » (
G. de Coincy,
Mir, ms. Brux. 9229, f
o172
bds
Gdf. : Trop te puis bien
amignoter);
2. 1506 « caresser, dorloter, amadouer » (
J. Marot,
La Vray Disant, Poés. fr. des
xveet
xvies., X, 233 ds
Gdf. Compl. : Considerez que par nous allaictez
Avez esté en vostre adolescence, Torchez, lavez, bercez, emmallottez,
Amignotez);
Trév. 1704 signale le mot comme n'étant plus en usage; 1925
amignouter, supra.
II.− Amignonner, 1. trans. 1507 [date d'éd.] « flatter, caresser » (
Damermal,
Liv. de la deablerie, f
o41
b, éd. 1507 ds
Gdf. : Mainte femme, je te dy bien, Comme benigne creature Se veult flater de sa nature, Plus la flaton et
amignonne Plus la trouvon doulce et mignonne [
amignonne : il faut lire
amignonnons]); repris dans
Ac. Compl. 1842 :
Amignonner (v. lang.). Caresser, cajoler; 1850
id. (
G. Sand,
François le Champi, p. 112);
2. [pronom. 1280 « se parer, s'ajuster » (
Clef d'amour, p. 96, Tross. ds
Gdf. : Pleureors se seullent adonner E abaubier et
amignonner; éd. Doutrepont ds T.-L. : A baubïer et
mignonner)]; 1611 (
Cotgr. :
s'Ammignonner [...] to pranke, tricke up, set out, himselfe); d'où 1838 « devenir mignon » (
Ac. Compl. 1842
amignonner [
s']), dernière attest. en ce sens.
III.− Amignarder, 1545 « caresser flatter » (
Lemaçon,
Décam. de Bocc. III, 1 ds
Gdf. Compl. : Flatte le et l'
amignarde et lui donne a manger son saoul);
vieux dep. 1643 (
Oudin,
Recherches ital. et fr., d'apr.
Brunot t. 3 1930, p. 144);
Fur. 1690 le présente comme synon. de
amignoter; encore ds
Lar. encyclop.
I dér. de l'a. fr.
mignot « mignon, gracieux » attesté dep.
ca 1223 (
G. de Coinci,
Mir. ms. Soiss. f
o52
bds
Gdf. : Qui moult estoit
mignote et bele); préf.
a-1*, dés.
-er; demeuré vivant dans les dial. : pic.
amignoter « amadouer, caresser » (
Corblet 1851); lorr.
ammégnoté «
id. » (
Zeliqzon,
Dict. des pat. rom. de la Moselle, 1924);
amignouter forme solognote d'apr.
FEW t. 6, 2,
s.v. miñ-. II dér. de
mignon*, attesté dep.
xiies. prob. au sens de « qqn qui se prête aux plaisirs d'un autre » (
Trist. Bér. éd. Muret, 3639 ds T.-L. : Tristan lor fait des borses trere...; Tex a esté set ans
mignon. Ne set si bien traire guignon); préf.
a-1*, dés.
-er; demeure vivant dans les dial. : norm.
amignoner « apprivoiser » (
Dum. 1849); « caresser, traiter mignonnement » (
Moisy 1885); et Centre
amignonner « caresser flatter » (
Jaub. t. 1 1855). III dér. de
mignarder* dep. 1418 au sens de « parer » (
Semilitude l'enffant proudigue, A. Aubry ds
Gdf. : Sans oblier ung diadesme Por bien
mignarder cil men fylz), dep. 1553 « flatter, caresser » (
Baïf,
L'Amour de Francine, L. I [I, 119] ds
Hug. : Non autrement Adon
mignardant sa Venus Se pâme de plaisir, lors que ses cheveux nus Decoifee elle agence en plaisante merveille); préf.
a-1*; encore vivant dans les dial. : Centre
amignarder « caresser », « flatter » (
Jaub. t. 1 1855); norm.
amignarder « apprivoiser » (
Dum. 1849), « mignarder, traiter délicatement » (
Moisy 1885).