AMENDER, verbe.
Étymol. ET HIST. − 1. 1
remoitié
xiies. dr. « condamner à payer une amende » (
Lois de Guillaume, I, Chevallet ds
Gdf. : E qui enfraint la pais le rei, cent solz le
amendes). −
xvies. (
Ouverture du Parlement de la St Remy ds
Hug.);
2. 1174 « corriger, mettre la dernière main (obj. inanimé) » (
G. de Pont St Maxence,
Vie de St Thomas, éd. Hippeau, 5817 ds T.-L. : A Cantorbire fu et fet [lire : fez] et
amendez [li romanz]); 1690 agric. (
Fur. Amender. [...] cultiver et améliorer les terres en y mettant du fumier, de la marne et autres amendements);
A. divers emplois fig.
a) xiies. « réparer (un méfait) » (
Loh., Ars. 3143 f
o18 e ds
Gdf. Compl. : Ce qu'ai meffet vorai bien
amender); 1160-1170 « expier (ses fautes) » (
Wace,
Rou, éd. Andresen, II, 1709 d'apr.
H.-E. Keller,
Étude descriptive sur le vocab. de Wace, Paris, 1953, p. 182a : Muine volt devenir e sa vie muer ..., Mult a fait mal el siecle, mult a a
amender);
b) 1130-1140 emploi abs. « se perfectionner (moralement) » (
Wace,
Conception Nostre Dame, éd. Ashford, 606
ibid. p. 233a : Issi cum Marie cresseit, Plus
amendot e plus saveit);
c) spéc. 1565 « [améliorer son prix (pour l'acheteur)] diminuer de prix » emploi abs., part. passé (
E. Pasquier,
Recherches, II, 5 ds
Hug. : Il fut ordonné par le Bureau que les sergens ... auroient chacun huict sols parisis par jour pour la despense d'eux et de leurs chevaux, jusques à ce que les vivres
fussent amendes);
d) 1784 dr. « apporter à un projet de texte les modifications nécessaires, de manière à l'améliorer (cont. angl.) » (1784, 6 août,
Courr. de l'Europe, Chambre des Pairs ds
G. von Proschwitz,
Introd. à l'étude du vocab. de Beaumarchais, Stockholm, Almquest et Wiksell, 1956, p. 210 : Le bill [de l'Inde] fu lu clause par clause ... Lord Camelford se leva pour donner son opinion sur cette clause du bill ... Il désiroit donc que cette clause
fût amendée), sens qui s'établit définitivement pendant la Révolution;
B. p. ext.
a) ca 1150 « croître, grandir (d'un enfant) » (
Wace,
St Nicolas, éd. Ronsjö, 1011 ds
H.-E. Keller,
op. cit., p. 42a : Deudoné crut et
amendat Si cum le tenz avant alat), au sens propre seulement en a. fr.;
b) 1155 « réussir (d'une personne) » (
Wace,
Brut, éd. Arnold, 6637 ds
H.-E. Keller,
op. cit., p. 152b : Si vus oëz que je
ament, A mei venez seürement). − fin
xiie-début
xiiies.
Guyot de Provins,
Bible ds
Gdf. Compl.
Du lat.
emendare attesté au sens 2 « corriger, améliorer (obj. inanimé) » dep.
Varron,
Rust., 1, 4, 4 ds
TLL s.v., 464, 45 : haec fundi vitia emendari solent domini scientia et sumptu; à l'emploi 2 A a dep.
Nep.,
Them., 1, 1
ibid., 464, 57 : Themistoclis vitia ineuntis adulescentiae magnis sunt emendata virtutibus; à l'emploi 2 A b fréq. en lat. chrét. :
Ambrosiast.,
In II Cor., 12, 19,
ibid., 460, 6 : prodest ei qui corripitur ut amendet. 2 A 2 jur., empr. à l'angl.
to amend (emprunté lui-même à l'a. fr.
amender) attesté au sens gén. de « corriger » dep. 1220, devenu terme du vocab. parlementaire dep. 1777,
Burthe au sens de « to make professed improvements in (a mesure before Parliament) »,
NED, amend 4; voir
Mack. t. 1 1939, p. 113. Le sens 1 est dér. de celui de « punir, châtier » attesté en lat. dep.
Tac.,
Ann., 15, 20, ds
RLL s.v., 465, 52 : culpa quam poena tempore prior, emendaro quam peccare posterius est. Changement de préf. très anc.