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AMALGAME, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1. 1431 « mélange (d'éléments hétérogènes) » emploi fig. (Fontaine des amoureux de science, p. 24 ds Gdf. Compl. : Car si ne fais purs corpx et ame Ja ne feras bonne amalgame); fin xvie-début xviie(D'Aubigné, éd. Legouez, VI, ann. 1892, p. 84 : Lignerae qui est l'amalgame des maisons d'Estree et de Lorraine), ces 2 attest. sont isolées; 1744 (Voltaire, Lettre, 5 juin 1744 ds DG : Le plaisant et le tendre sont difficiles à allier : cet amalgame est le grand œuvre); 2. 1549 « alliage de mercure avec un métal » (A. du Moulin, Quinte ess. de toutes choses, 96 ds Gdf. Compl. : Si tu mets l'argent vif sublimé en eaue corrosive faite de vitriol et de salpetre, il est certain que soudain il se convertira en amalgame et eaue). Empr. au lat. médiév. amalgama, de même sens (ann. 1250, Geberus, alchimista arabo-latinus, Clar., 2, 75 ds Mittellat. W. : accipe uncias V boni auri foliati et fac amalgama cum IV unc [iis] Mercurii ... et super ipsum amalgama pone octavam partem uncie salis alkali); 4 autres ex. du xiiies. ds Devic Suppl. à Littré s.v.; formé sur l'ar. amal al-gamāa « œuvre de l'union charnelle », l'anal. étant fréquemment établie par les alchimistes entre l'union charnelle et la combinaison entre le mercure et les métaux (cf. De matrimonio et conjunctione, traité imité de l'ar., Bibl. nat., anc. fonds lat., 7147, fo53 vod'apr. Devic, loc. cit., où le mercure étant assimilé au mari, l'argent à la femme, l'amalgame se célèbre ainsi : Natura lætatur quando sponsus cum sponsa copulatur). Le fait que le ar. soit rendu par g rom. s'explique par le mode de tradition écrite sav. de ce mot. Les formes algamala, alquamala, Rabelais, III, 26 et 38, algamana, id., V, 17 ds Hug. et almagala, Sainéan, Lang. de Rabelais, II, 25, sont simplement dues à un jeu de mot à partir du lat. médiév. La forme algame, Cotgr. 1611 est prob. issue directement de l'ar. ḡamâa « réunion », Cor., s.v. amalgama. L'étymon gr. μ α ́ λ α γ μ α « ce qui amollit » [en réalité « cataplasme émollient »], Diez5, I, 14, ne convient pas du point de vue sém. L'hyp. d'un étymon ar. issu de ce même gr. (Lok. 1927, DG) fait difficulté pour la même raison. L'hyp. de Cor., loc. cit. : amalgame est 1. soit le résultat de l'évolution suivante : de algamala (Rabelais; de l'ar. ǧamâa « réunion ») sont issues les 2 autres formes rabelaisiennes : almagala, par métathèse et algamana, par dissimilation; du croisement de ces 2 dernières formes : *almagana, devenu *amalgana d'où amalgama p. anal. avec les nombreux mots sav. en -ma, 2. soit issu de *almagama (produit du croisement entre almagala, Rabelais, et algama [fr. algame], devenu amalgama − se heurte à des difficultés chronol. : le lat. médiév. amalgama et le fr. amalgame étant bien antérieurs aux formes attestées par Rabelais et à la forme fr. algame). Du fr. amalgame sont issus les correspondants dans les autres lang. européennes.