ALÉRION, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1131 ornith.
alerion « grande espèce d'aigle » (
Coron. Looys, 961, éd. Jonckbloet,
Guill. d'Or., ds
Gdf. : Un dart molu tenoit li gloz felon, Envers Guillaume le lança de randon; Si bruit li cops comme un
alerion). − entre 1555 et 1605
aillerion «
id. » (
J. Vauquelin de La Fresnaye,
Satires, II, à Cl. Groul., in fine,
loc. cit.);
b) 1767
alérion id. « martinet noir » (
Salerne,
Hist. naturelle des oiseaux, p. 207 : Le grand Martinet s'appelle autrement
grande Hirondelle ou
Hirondelle noire, Martelet, Alérion,
Moutardier). − 1892
id. (
Guérin :
Alérion [...] Ornith. Nom vulg. du martinet noir); d'où
2. 1581 hérald.
allelyon, allerion « petite aigle au vol abaissé et représentée sans bec ni pattes » (
H. de Bara,
Le Blason des armoiries auquel est montrée la manière de laquelle les anc. et mod. ont usé en icelles, p. 90 : Aiglettes, ainsi dites, lors qu'il s'en trouve plusieurs ensemble en un escu, et d'aucuns sont nommez
allelyons − et pour mieux dire
allerions − qui a esté mal entendu et praticqué, car les
allerions n'ont jamais en armes, bec, jambes, ne pieds, ce que les aiglettes ont, et en cela est leur difference, comme il se peut voir és anciennes et illustres armes de Lorraine).
Empr. à l'a. bas frq. *
adalaro « aigle »,
cf. all. mod.
Adler, a. h. all.
adelâr « aigle noble » (
Graff t. 1 1834, col. 432 :
Adel-Are, m. Adler, aquila,
Cod. windobon, 460, 12
es.) ou plus exactement à un a. bas frq. *
aδalarjo. Cette forme second. (
FEW t. 15
1,
s.v. *
aδalaro) permet enfin d'expliquer la finale
-ion du mot fr. L'a. bas frq. *
aδalarjo a sans doute donné naissance à une forme fr. prélittéraire *
alairon qui, sous l'influence de ce frq. *
aδalarjo toujours en usage à la même époque dans cette aire ling. du nord de la France, restée longtemps bilingue, a abouti à la forme fr.
alérion.