ALTERNER, verbe.
Étymol. ET HIST.
I.− xiiies. « changer » (
Secr. d'Arist., Richel. 571, f
o131 b ds
Gdf. : Nature
alternee, ce est changee), attest. isolée;
ca 1370 «
id. » (
Les Lamentations de Matheolus et le Livre de Leesce de Jehan le Fèvre de Resson, éd. van Hamel, I, 1096 ds T.-L. : Le gouverneur fu gouverné Et le gendre
fu alterné [Et regitur regere debens; genus alterutratur]), attest. isolée.
II.− 1549 (
R. Estienne,
Dict. fr.-lat. :
Alterner, Alternare);
1. av. 1585 trans. « faire succéder en alternance » (
Ronsard, 866 ds
Littré : Mais en ton cabinet quelquefois il te plaist De Henry nostre prince escrire les histoires, Ses combas
alternez de pertes et victoires); av. 1755
id. alterner avec (
Saint-Simon,
Mémoires, 1698 ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888, p. 25a : Ils [les Rohan] avoient par leur baronnie le second rang en Bretagne, et puis ils l'
alternèrent avec les barons de Vitré); 1776 agric. (
Encyclop. Suppl. :
Alterner c'est se servir des mêmes terres alternativement en champs et prés); av. 1793
id. (L'abbé
Rozier,
Cours complet d'agriculture ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888, p. 25a : Le principe d'
alterner les cultures ne doit point être regardé comme un principe général. On n'
alterne point la culture de la vigne; on n'
alterne point la culture des cannes à sucre, du manioc);
2. 1690 hérald.
alterné part. passé adjectivé (
Fur. :
Alterné. Se dit de la situation des quartiers ou des figures qui sa [sic] répondent en alternative); 1710 intrans. « avoir alternativement la préséance dans les diètes de l'Empire » (
Pufendorf,
Introd. à l'hist. des principaux États de l'Empire, [trad. Rouxel] ds
Trév. 1771 : Les évêques de Wirtzbourg et de Vorms
alternent); 1771 (
Trév. :
Alterner. Il se dit en parlant des Officiers, des Magistrats qui exercent un office, une charge, tour-à-tour, alternativement); 1761
alterner avec « succéder à qqc. en alternance » (
J.-J. Rousseau,
La Nouvelle Héloïse ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888, p. 25a : Rien de plus délicieux que ces champs d'or et de pourpre qui
alternent avec de magnifiques bouquets de bois).
I empr. au lat.
alternare qui au Moy. Âge était devenu synon. de
variare (703,
Bède,
Temp., 12 ds
Mittellat. W s.v., 513, 18 : quamvis ... quidam incensiones earum [lunarum] medio diei et medio noctis alternent), pronom. mil.
xiies. (
Otto, episc. Frisingensis,
Chron., 6, 17, p. 277, 25,
ibid., 513, 24 : varietas humanarum rerum ... ab inicio mundi usque in presentem diem alternatur). II empr. au lat. impérial
alternare, trans. « faire tour à tour une chose puis une autre » (
Sénèque,
Dial., 9, 17, 3 ds
TLL s.v., 1753, 11 : miscenda tamen ista et alternanda sunt, solitudo et frequentia), intrans. « aller en alternant » (
Pline,
Nat., 16, 18,
ibid., 1753, 70 : arborum fertilitas ... alternat).