ALOURDIR, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. xiies. d'apr.
Dauzat 1964; 1219 d'apr.
Bl.-W.5, réf. et sens non précisés, prob. fig.,
lourd* au sens propre n'étant attesté que dep. 1538; 1364 part. passé adjectivé, fig. « étourdi, stupide » (
Guill. de Machault,
Le Voir-dit, 90 ds
Quem. t. 1 1959 : Car j'estoie tous estourdis, Tous pesans et tous
alourdis) rare jusqu'à
Fur. 1690 qui le qualifie de
vieux;
Ac. 1694 note :
Il n'a guere d'usage qu'au participe; d'usage plus fréq. fin
xviiie-
xixes.; 1767 (
Diderot,
Salon de 1767, Lagrenée ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888, p. 8 b : il n'en est pas ainsi d'un art où le moindre intervalle mal ménagé fait un trou, où une figure trop éloignée ou trop rapprochée des deux autres
allourdit ou rompt une masse);
2. 1831 propre « rendre lourd, pesant » (
H. de Balzac,
La Peau de chagrin, p. 63 : [...] les liens puissants enchaînent les pieds,
alourdissent les mains).
Dér. de
lourd*; préf.
a-1*; la rareté du mot av. le
xviies. s'explique moins par l'existence de
alorder (
ca 1330 « abuser, tromper »,
B. de Seb., XIV, 931, Bocca ds
Gdf., xvies. « étourdir, importuner » ds
Hug.) et de
eslorder « abêtir » (fin
xiie-début
xiiies.,
Gerv.,
Best., Brit. Mus. add. 28 260, f
o99c ds
Gdf.) que par la vitalité du verbe
grever* et à un moindre degré des composés
agrever et
engrever (
cf. la même situation des adj.
grief et
grevos en face de
lourd);
cf. aussi le verbe
lordoiier « être, devenir lourd »
xiiies. (
Péan Gastineau,
Vie de Saint Martin, éd. Söderhjelm, 5944 ds T.-L.).