ALLUMER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1100 propre « mettre le feu à » (
Rol., 2958 ds
Gdf. Compl. : Mirre et timoine i firent
allumer); 1164 fig. « enflammer (qqn), exciter les sens » (
Chrest.,
Erec et En., Ars. 3317, f
o228 a,
ibid. : Sa biautes d'amor m'
aluma); av. 1593 « exciter, provoquer (un sentiment, une passion) » (
Amyot,
De l'Eloquence royale ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884, p. 789 a : Le philosophe Hegesias desploïant son éloquence à raconter et mettre devant les yeux toutes les misères ausquelles est subjecte notre vie,
allumoit un tel desir de la mort dans les espritz de ses auditeurs, que plusieurs se faisoient mourir); 1653 pronom. «
id. (un événement défavorable) » (
Vaugelas, trad. de Quinte-Curce,
Histoire d'Alexandre, liv. VI,
ibid., p. 790 a : Voilà quelle fut la fin de cette guerre, qui
s'estant allumée tout à coup, s'acheva de mesme);
2. 1119 propre « mettre le feu pour éclairer, pour rendre lumineux » (Ph.
de Thaon,
Le Comput, 2533 ds T.-L. : lampes
alumées); 1689 fig. « rendre lumineux » (
J. Racine,
Esther, II, 9 ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884, p. 789 a : Vous avez vu quelle ardente colère
Allumoit de ce roi le visage sévère);
3. 1174 « voir » (
Vie de St Thomas, 74 ds T.-L. : Li avogle i
alument); subsiste en arg.; [
ca 1740 arg. des comédiens d'apr.
Esn. 1966]; 1787 arg. « guetter » (
Louvet,
Faublas, ibid. : Bras de fer l'
allume, et ne la laissera pas passer); 1790 arg. « regarder attentivement » (
Rat du Châtelet ds
Sain. Sources Arg. t. 1 1912, p. 339 :
allume le miston!).
Empr. au lat. vulg. *
alluminare dér. de
luminare « éclairer », lui-même dér. de
lumen « lumière ».