ALIÉNER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. 1265 dr. « faire passer la propriété de qqn à qqn d'autre » (
Livre de Jostice, 47 ds
DG :
Aliener la chose de la commune);
2. 1355 « éloigner, rendre hostile » (
Bersuire, f
o38 ds
Gdf. Compl. : Laquelle chose
eust le peuple
aliené en cellui temps tres perilleux [
Liv., II, 30, 3 : quae ... alienasset plebem]);
3. xives. trans. « priver de raison » (
Les Grandes chroniques de France, I, 86 ds
Fr. mod., t. 4, 1936, p. 336 : Cil ... l'
avoit aliéné de son sens);
xvies. part. passé adj. (
Amyot,
Solon, 40 ds
Littré : Il approuva seulement les donations qui ne seroient point procedées de sens
aliené par quelque griefve maladie).
Empr. au lat.
alienare, au sens 1 jur. dep.
Plaute,
Merc., 833 ds
TLL, 1563, 81 : usus fructus victus cultus iam mihi harunc aedium interemptust interfectust alienatust,
cf. lat. médiév. an. 1280,
Charta sangall., A 29 ds
Mittellat. W. s.v., 450, 49 : de ipsa villa nec vendere nec donare nec alienare nec aminuare; au sens 2 dep.
Cicéron,
Att., 7, 4, 2 ds
TLL s.v., 1564, 81 : ne dicendis sententiis aliquem tribunum alienarem; au sens 3 dep.
Cesar,
Gall., 6, 41, 3,
ibid., 1565, 70, surtout en usage au part. passé : sic omnium animos timor occupaverat, ut paene alienata mente ... dicerent.