ALIGNER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1155 « mettre sur une même ligne, sur un même niveau » (
Wace,
Brut, 6430 ds
Gdf. Compl. : Ont tost aplanoié Et fossé et mur
alignié);
b) 1130-1160 part. passé adj. « (en parlant d'une pers.) qui se tient droit, bien proportionné » (
Li Coronemens Looys, 1639, éd. Jonckbloet ds T.-L. : Moult le vit bel et droit et
alignié),
Trév. 1752 signale ce sens comme
vieilli;
c) 1427 « mesurer, prendre les proportions, tracer des lignes pour mesurer » (A.N. JJ 173, pièce 584 ds
Gdf. Compl. : Il fist faire par le voyer et maistre de noz œuvres visiter,
aligner et mesurer ledit triangle);
d) 1335 subst. fém.
a l'alignee de « sur la même ligne que » (
Arch., JJ 69, f
o107 r
ods
Gdf. : Et esconvient que les piliers qui sont par devers l'evesque viengnent avant a l'
alignee de ceus qui y sont); 1523
aligne, déverbal (
Chirog, 10 oct. ds
Gdf. Compl. : ... en prenant justement
aligne et cordeau de longheur et haulteur desdittes fenestres);
alignée « alignement (d'objets) » ne réapparaît qu'au
xixes. (
E. Bergerat,
Journal offic., 27 mai 1877 ds
Littré : La seule chose qui lui appartienne en propre [à Van Beers dans son tableau des
Funérailles de Charles le Bon], c'est cette
alignée de capuchons redressés sur le dos de pénitents, et qui réalise assez bien l'idée des capucins de cartes);
2. 1202
aliner mar. « disposer (des navires) » (G. de Villeharduin ds
Jal 1848 : Lors commença en
Aliner les nés et les galies et les vissiers as barons par mouoir); 1845
id. (
Besch. : [...]
Aligner une flotte. La mettre en ligne pour combattre.
Aligner en tonture les sabords d'un bâtiment, les banquières, les préceintes. Les diriger sur une ligne donnée, suivant la courbure longitudinale des ponts. Anciennement,
aligner signifiait Equiper; cela vient de ce que plus anciennement encore,
aligner ou
aliner avait signifié Fournir des cordages);
3. a) 1274-78 fig.
alinier « rendre soigné (sa toilette) » (
É. de Fougères,
Le Livre des manières, 1240, éd. Talbert ds T.-L. : Et le tifer et le painier Et le laver et l'
alinier);
b) début
xviiies. cet emploi est repris, surtout en litt. au sens de « ajuster » (P. B. Gisbert ds
Trév. 1752 : On s'épuise à chercher des termes, à
aligner des phrases, il ne reste plus aucune force pour les choses),
Trév. 1771 signale que cet emploi ne semble pas réussir à s'imposer; mais il subsiste avec une nuance péj. (
Ac. 1835 :
Aligner ses phrases, aligner ses mots : soigner jusqu'à l'affectation ce qu'on écrit ou ce qu'on dit);
4. 1387-91 vén. « couvrir une femelle » (
G. Phébus,
Chasse ds
La Curne t. 1 1875 : Quant une loupve est chaude, s'il a loups ou pays, ilz vont touz après elle... Mais jamais nul ne l'
alignera fors que un).
Dér. de
ligne*; préf.
a-1* [ad], dés.
-er.