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ALÈNE, ALÊNE, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1180 alesne « sorte de poignard, stylet » (Partonopeus de Blois, 2965 ds Gdf. Compl. : Une autre a son arçon pendue, Et d'autre part sa biesague Et sa misericorde a çainte : D'orfrois estoit par le haut çainte, Et une alesne bien poignant); en a. fr. seulement; 2. 1190-1220 alaisne « poinçon de fer dont on se sert pour percer et coudre le cuir » (Amadas et Ydoine, éd. Hippeau, 2078 ds T.-L. : Ou croc d'une alaisne petit Entraissent bien sans contredit); 1209 alesne « id. » (Renclus de Moiliens, Miserere, 137, loc. cit. : De l'alesne sen uel quassa, Dont il cousoit se cauchemente); d'où p. ext. 3. a) 1558 ichtyol. id. « raie aiguille » (L. Joubert, Trad. de l'Hist. entière des poissons de G. Rondelet, XII, 6 ds Gdf. Compl. : La troisieme espece de raie lize a le bec lonc et pointu, pour ceste raison en Languedoc aucuns l'appellent alesne). − 1898 (Nouv. Lar. ill. t. 1 : Alène [...] Nom vulgaire donné sur les côtes du Languedoc à une espèce de raie à museau aigu); b) 1835 bot. feuilles en alêne « feuilles subulées, fines, pointues comme une alêne » (Ac. : [...] En Botan., Feuilles en alêne. Voyez Subulé). − 1932, Ac. Empr. au germ. *alisnō « alêne, poinçon », prob. introd. par les mercenaires de l'armée et véhiculé par le lat. vulg. av. les invasions du ves., étant donné l'existence et l'ancienneté de ce terme de métier dans presque toutes les lang. romanes : a. prov. alena, ital. lesina, cat. alena, esp. alesna, lezna. Cf. FEW t. 151, s.v. alisnō, Brüch, Der Einfluss der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein, 1913, p. 63. À juste titre Brüch ds Z. fr. Spr. Lit., t. 49 1947, pp. 291-292 écarte l'hyp. d'un empr. au got., le mot, en fr., étant répandu autant au nord qu'au sud de la Loire. En outre le mot apparaît plus tôt en fr. qu'en a. prov. Un empr. au frq. semble improbable, les mots de cette lang. ayant pu passer en prov. mais non dans les autres lang. romanes. Le germ. *alisno, passé en lat. (1redéclinaison), a presque totalement évincé le lat. subula que l'on ne retrouve plus actuell. que dans l'adj. sav. fr. mod. subulé, synon. plus usité de l'adj. aléné*. Le germ. *alisnō est formé d'un suff. -isnō et d'un rad. *ala- (cf. a. nord. alr « alêne » De Vries Nederl. 1963, s.v. els2et De Vries A. nord. 1962, s.v. alr), forme apophonique du germ. *ēlō (cf. a. h. all. āla, m. h. all. āle, all. mod. Ahle « alêne », Kluge 1967). Ce même germ. *alisnō, apr. la métaphonie par -i, est à l'origine du m. néerl. elsene, néerl. els, FEW, loc. cit., p. 17 note 7. Alênier. xvies. allesnier (Complainte du commun peuple contre les taverniers, Poés. fr. des XVeet XVIes., V, 95 ds Gdf. Compl. : N'a pas long temps, en mangeant d'une tourte, Je fus trompé d'aucuns fins allesniers).