AINSI, adv.
Étymol. ET HIST. − 1. Adv.
xies.
ensi « de cette façon » (
La Vie de Saint-Alexis, éd. G. Paris, 271 : Iluec converset
ensi dis e set anz); 1155
ainsins «
id. » (
Wace,
Conception Nostre Dame, p. 41, Mancel et Trébutien ds
Gdf.,
s.v. issi :
Ainsins m'aviegne con tu diz); 1539
ainsi, particule servant à introduire une phrase optative (
R. Estienne,
Dict. françois-lat. :
Ainsi soit, qu'il l'ait, Habeat sane.
Ainsi soit il, Amen);
2. loc. conj.
a) ca 1200
anssi que « de même que » (
Poème moral, éd. Cloetta ds T.-L. :
Anssi qu'il soloit jà les malvais äuneir, Si soi pennoit il ore des bons a assembleir);
b) 1330
ainsi que « au moment où » (
Hugues Capet, éd. de La Grange, 73,
ibid. :
Ainsi que la passoient, en plorant leur dist on). Sens encore enregistré par
Ac. 1718 : ,,signifie aussi, Au mesme temps que;
Ainsi que j'arrivois, ainsi qu'il sortoit.`` Supprimé en 1740,
cf. Trév. 1771 : ,,Le retranchement de cette expression dans l'édition de 1740, en est une condamnation tacite.``
Le second élément du mot est issu du lat.
sic « ainsi », l'orig. du 1
erélément est controversée : d'apr.
Diez3,
ainsi serait issu de
aeque sic, hyp. qui ne peut rendre compte de la nasalisation (Haberl ds
Z. fr. Spr. Lit., t. 36, p. 32). Haberl,
loc. cit. (et à sa suite
Dauzat 1968) préfère rétablir
ainz si dont le développement aurait été « avant ainsi », puis « à vrai dire ainsi » d'où « mais ainsi », enfin « et ainsi », hyp. qui ne peut rendre compte des anc. formes en
en-. Wartburg (
FEW t. 11,
s.v. sic) propose
in sic pour les formes de type
ainsi (1231, lorrain ds
Gdf.), mais n'avance aucune hyp. pour les formes en
en-, ein-, ain-;
Bl.-W.5a recours à un croisement entre les adv. a. fr.
ensi (en +
si) et
eissi lui-même empr. à l'a. prov.
aissi (lat. vulg. *
accum sic, *
accum étant une altération de *
eccum -ecce- d'apr.
atque); cette hyp., vraisemblable, paraît cependant discutable sur le plan articulatoire. Forme
ainsin par nasalisation de l'
i final sous l'influence de la syllabe précédente (
Fouché t. 2, p. 362).