AILLEURS, adv.
Étymol. ET HIST. − 1. a) xies. « dans un autre lieu » (
La Vie de Saint Alexis, éd. Storey, 194 : Andreit Tarson espeiret ariver, Mais ne puet estra,
ailurs l'estot aler);
b) 1160
par aillurs « par un autre endroit » (
Wace,
Roman de Rou, éd. Andresen, 3, 369 ds T.-L. : N'i poeit
par aillurs passer);
c) 1174
d'aillors « d'un autre endroit » (
Benoit,
Chr. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 6845 : Estranges sui,
d'aillors venuz);
2. début
xiiies. « dans une direction d'esprit différente, autrement » (
Aymeri de Narbonne, éd. L. Demaison, 838 ds T.-L. : Qant il dist ce, s'a il
aillors pensé);
3. 1673
d'ailleurs « d'un autre côté, par contre » (
Racine,
Mithridate, v. 718 ds
Cayrou 1948 : Père injuste, cruel, mais
d'ailleurs malheureux!).
Prob. issu du lat. pop. *
aliore, abrév. de l'expr. *
in aliore loco, construite sur le modèle des expr.
in inferiore loco, in interiore loco, in exteriore loco, etc. avec
s adv. (
Fouché t. 2 1958, p. 232, rem. II). L'étymol. à partir de
aliōrsum fait difficulté du point de vue phonét., G. Paris ds
Romania t. 12, p. 36
sq. et
Mélanges de ling. publ. par M. Roques, 2, 1906, p. 259;
Fouché loc. cit.; la transformation de
-ō(r)su en
ōre au niveau du lat. (Meyer-Lübke ds
Z. rom. Philol. t. 23, pp. 411-412) constitue un détour inutile, tandis que l'hyp. *
in aliore loco fait appel à la même évolution phonét. sans intermédiaire superflu.
L'étymon
aliubi, avec pour la Romania Occid., intercalation d'un
-r- anal. avec certaines formes comparatives
(EWFS2) oblige de toute manière à dissocier les corresp. sarde et roumain; il est plus simple de dissocier ceux-ci dès le principe, ainsi que les corresp. hisp. (voir
REW3,
s.v. aliŭbi) et de rattacher le fr. et le prov. à *
in aliore loco sans recours à
aliŭbi.