AIGUISER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1100 « rendre pointu, tranchant » (
Rol., 2075 ds
Gdf. Compl. : Wigres e darz, museraz
aguisiez); d'où début
xiies. fig. (
Oxf. Ps., 63, 3 ds T.-L. : il
aguiserent [acuerunt] cume espede lur langues);
2. a) 1167 fig. « rendre plus vif (un sentiment) (
Gaut. D'Arras,
Ille et Galeron, 3394 ds
Gdf. Compl. : Pour plus
aguisier cele joie, Amours i met douce ramprosne);
b) av. 1215 «
id. (la raison) » (Poème moral, 117a ds T.-L.);
c) xves. «
id. (l'appétit) » (
Basselin,
Vaudevires, LX ds
Littré : Nostre appetit le vin
aguise, Et aide à la digestion);
d) xviies. «
id. (une épigramme) » (
Boileau,
Art. poét., II,
ibid. : Et n'allez point toujours d'une pointe frivole,
Aiguiser par la queue une épigramme folle).
Prob. d'un lat. pop. *
acutiare formé sur le part. passé de
acuo attesté dep.
Plaute. L'évolution phon. peut prob. s'expliquer par *
acutiare > *
aguydzare > *
ayguydzare par anticipation du yod de la 2
esyllabe, d'où
aiguiser avec palatalisation en [
üi] devenu à la fin du XII
es. [
ivi],
Fouché t. 2 1969, pp. 434 et 489; dans cette hyp., la forme
aiguiser, xiies., représenterait un développement normal, la forme
aguiser serait due à l'influence de
agu (aigu*
).