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AGUERRIR, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1535 actif, sens propre « habituer aux périls de la guerre » (G. de Selve, Vies de Plutarque, 104 vo, éd. 1547 ds R. Hist. litt. Fr. t. 1, pp. 493-94 : Bonnes gens et bien aguerriz); d'où 1665 id., fig. « accoutumer aux choses pénibles » (Graindorge ds Fr. mod., 14, 289 : je prends un plaisir indicible à vous voir aguerri aux pauvres chiens); 1694 pronom., au propre et au fig. « s'endurcir, se faire à » (Ac. : ces troupes se sont aguerries. il n'est pas fait au grand monde, il s'aguerrira). Dér. de guerre*; préf. a1-*, dés. -ir.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. « entraîner aux exercices de la guerre et aux exigences du métier des armes ». Attesté depuis 1543 (De Selve, Vies de Plutarque, Paul Émile, page 109 : ilz [les Romains] n'entendoient point que la perte que feit Philippe, avoit esté cause de renforcer et d'aguerrir davantaige la puissance [« armée »] des Macedoniens). Pour ce qui est de l'attestation proposée par TLF (datée improprement de 1535), elle concerne l'adjectif aguerri* (cf. A. 1.). - 
A. 2. « endurcir ». Attesté depuis av. 1592 (Montaigne, Essais 1595, tome 1, livre I, chapitre XXV, page 143 = Frantext : l'estude des sciences amollit et effemine les courages, plus qu'il ne les fermit et aguerrit). - 
B. 1. Pronominal : « s'entraîner aux exercices de la guerre et aux exigences du métier des armes ». Attesté depuis 1593 (Lucinge, Dialogue, page 192 = Frantext : Ilz s'aguerrissent, ilz devienent meilleurs pour le mestier des armes). - 
B. 2. Pronominal : « s'accoutumer aux difficultés de toute nature, s'endurcir ». Attesté depuis 1580 (Montaigne, Essais1, tome 1, livre II, chapitre XXVII, pages 693‑694 = Frantext : Les meurtres des victoires s'exercent ordinairement par le peuple et par les officiers du bagage : et ce qui fait voir tant de cruautez inouies aux guerres populaires, c'est que cette canaille de vulgaire s'aguerrit et se gendarme à s'ensanglanter jusques aux coudes et à deschiqueter un corps à ses pieds, n'ayant ressentiment d'autre vaillance). - 

Origine :
Formation française : dérivé du substantif guerre* à l'aide du préfixe a‑1* (cf. II. A. ; ‑ir est une marque flexionnelle et non pas dérivationnelle, cf. Fradin, Approches 166, 288‑307). Cf. von Wartburg in FEW 17, 568b, *werra I. Cette formation en -ir, assez isolée aujourd'hui, pouvait s'appuyer au 16e siècle sur les parallèles suivants : s'accroupir* v. pron. « s'asseoir sur la croupe » (< croupe subst. fém., dp. 1174/1177), « s'avilir » (dp. fin 12e s.), s'afemmir v. pron. « s'efféminer » (< femme, ca 1573, Huguet), ahontir v. tr. « couvrir de honte » (< honte subst. fém., 12e s.—1544, FEW 16, 182b) et atterrir* v.tr. « remplir de terre » (< terre subst. fém., dp. 1344, FEW 14, 346b). L'italien agguerrire v. tr. « aguerrir » (dp. av. 1644 [agguerrito adj.], DELI2), analysé comme un dérivé interne par les étymologistes italiens, ne peut pas en être séparé. Si les datations relatives semblent pencher du côté d'une création française empruntée par l'italien, cette dernière langue connaît aussi au moins trois formations similaires : accanirsi v. pron. « s'acharner » (< cane subst. masc., dp. av. 1600 [et dp. av. 1347 accanito adj. « furieux »], DELI2), arrugginire v. tr. « rouiller » (< ruggine subst. fém., dp. 1354, DELI2), assortire v. tr. « assortir » (< sorta subst. fém., dp. 1383, DELI2).


Rédaction TLF 1973 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2005 : Nadine Steinfeld. - Relecture mise à jour 2005 : Franz Rainer ; Fiammetta Namer ; Françoise Henry ; Odile Guignot ; Yan Greub ; Gilles Petrequin ; Éva Buchi.